jeudi 10 avril 2014

Résilience et rebondissements


Il est fascinant le concept de la résilience. Cette capacité de rebondir sur ses pieds après une épreuve difficile, voire dangereuse. Rebondir non pas exactement au même endroit, mais juste à côté, et puis continuer d’avancer. Boris Cyrulnik, éthologue et neuropsychiatre, dit ceci : « La résilience n’a rien à voir avec une prétendue invulnérabilité ou une qualité supérieure de certains mais avec la capacité de reprendre une vie humaine malgré la blessure, sans se fixer sur cette blessure. » Ne pourrait-on pas alors parler de « façon de vivre sa vulnérabilité »!

J’avoue avoir un authentique coup de cœur pour cette faculté qu’est la résilience. Elle est pour moi comme le Carpe diem du prof aventurier de la Société des Poètes Disparus. Ou encore, elle est synonyme du Pouvoir de l’instant présent de Eckhart Tolle; c’est l’attention intégrale portée à l’événement en cours et l’accueil radical de la myriade de solutions qui s’offrent.

Pour le psychiatre Jean-Luc Roelandt, la résilience « est un processus d’auto guérison et de résistance aux maladies, et en particulier aux maladies mentales ». C’est la résilience du corps. Mais il s’agit davantage de la capacité d’adaptation du corps que de la résistance dans sa version de lutte contre la maladie. On fait souvent le lien entre le stress et la résilience. C’est principalement à l’endocrinologue et chercheur Hans Selye que l’on doit nos connaissances sur le stress, phénomène réactionnel endocrinien qu’il a nommé “Syndrome général d’adaptation”. Le docteur Selye décrit le stress comme un dispositif d’adaptation comportant trois phases consécutives : la phase d’alarme, la phase de résistance et la phase d’épuisement. Le stress devient dommageable lorsque la quantité de demandes dépasse la capacité de réponse du corps. D’une réaction saine de l’organisme confronté à un stimulus, jusqu’à un épuisement complet des ressources d’adaptation, le stress est une réaction physique qu’il est bon de savoir gérer. Or, la résilience atténue les effets néfastes du stress.

D’autres outils sont disponibles pour arriver à ce que Hans Selye appelle « le stress sans détresse ». Les plantes adaptogènes en sont. C’est le scientifique russe Dr. Nicolai Lazarev qui a introduit le terme « adaptogène », parlant de substances capables d’augmenter la réponse non spécifique du corps face à des agents stressants. La définition du terme telle qu’utilisée aujourd’hui vient du chercheur russe Israël Brekhman, imminent docteur et pupille du Dr Lazarev. En gros, les adaptogènes optimisent les fonctions mentales et physiques du corps par une action sur l’axe hypothalamus-hypophyse-surrénales et sur l’activité cellulaire en général. En médecine traditionnelle chinoise (MTC), on appelle les adaptogènes des « toniques supérieurs ». Ces toniques vont « favoriser globalement la santé, augmenter l’énergie de l’organisme et régulariser ou harmoniser les fonctions physiques et psychiques ». La liste des adaptogènes comprend évidemment une majorité de plantes chinoises, la MTC les utilisant depuis des millénaires. Les principales sont les Ginsengs (Panax ginseng, Panax quinquefolius), l’Eleuthérococcus senticosus ou Éleuthéro (faussement appelé ginseng sibérien), le Codonopsis, l’Astragale, le Reishi, l’Ashwagandha, l’Ortie, l’Avoine, le Schizandra, le Jiaogulan (Gynos-temma pentaphyllum) et j’en passe.

Le mot adaptogène suggère une certaine posologie; en période de changement, lorsque le niveau de stress dépasse la capacité de réponse normale de l’individu et que le besoin d’adaptation est plus criant. Du nouveau boulot à un déménagement, en passant par un accouchement, une maladie ou une convalescence, une épidémie de rhume dans le voisinage, une dépression, un amour qui s’éteint ou un amour naissant, un changement de saison, un voyage, un deuil, l’adolescence… Vous voyez le portrait!


L’adaptogène à choisir dépend réellement de ce dont chacun a besoin. Ces plantes ayant toutes leurs spécificités propres, tout comme chaque individu. Prochain texte, je choisis l’une d’entre elles et vous en parle en long et en large.

Annie Rouleau
Herboriste praticienne

À lire:
“Adaptogens - Herbs For Strength, Stamina, and Stress Relief”, par David Winston, Éditions Penguin Group

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire