Il est fascinant le
concept de la résilience. Cette capacité de rebondir sur ses pieds après une
épreuve difficile, voire dangereuse. Rebondir non pas exactement au même
endroit, mais juste à côté, et puis continuer d’avancer. Boris Cyrulnik,
éthologue et neuropsychiatre, dit ceci : « La résilience n’a rien à voir avec
une prétendue invulnérabilité ou une qualité supérieure de certains mais avec
la capacité de reprendre une vie humaine malgré la blessure, sans se fixer sur
cette blessure. » Ne pourrait-on pas alors parler de « façon de vivre sa
vulnérabilité »!
J’avoue avoir un
authentique coup de cœur pour cette faculté qu’est la résilience. Elle est pour
moi comme le Carpe diem du prof aventurier de la Société des Poètes Disparus.
Ou encore, elle est synonyme du Pouvoir de l’instant présent de Eckhart Tolle;
c’est l’attention intégrale portée à l’événement en cours et l’accueil radical
de la myriade de solutions qui s’offrent.
Pour le psychiatre
Jean-Luc Roelandt, la résilience « est un processus d’auto guérison et de
résistance aux maladies, et en particulier aux maladies mentales ». C’est la
résilience du corps. Mais il s’agit davantage de la capacité d’adaptation du
corps que de la résistance dans sa version de lutte contre la maladie. On fait
souvent le lien entre le stress et la résilience. C’est principalement à
l’endocrinologue et chercheur Hans Selye que l’on doit nos connaissances sur le
stress, phénomène réactionnel endocrinien qu’il a nommé “Syndrome général d’adaptation”.
Le docteur Selye décrit le stress comme un dispositif d’adaptation comportant
trois phases consécutives : la phase d’alarme, la phase de résistance et la
phase d’épuisement. Le stress devient dommageable lorsque la quantité de
demandes dépasse la capacité de réponse du corps. D’une réaction saine de
l’organisme confronté à un stimulus, jusqu’à un épuisement complet des
ressources d’adaptation, le stress est une réaction physique qu’il est bon de
savoir gérer. Or, la résilience atténue les effets néfastes du stress.
D’autres outils sont
disponibles pour arriver à ce que Hans Selye appelle « le stress sans détresse
». Les plantes adaptogènes en sont. C’est le scientifique russe Dr. Nicolai
Lazarev qui a introduit le terme « adaptogène », parlant de substances capables
d’augmenter la réponse non spécifique du corps face à des agents stressants. La
définition du terme telle qu’utilisée aujourd’hui vient du chercheur russe
Israël Brekhman, imminent docteur et pupille du Dr Lazarev. En gros, les
adaptogènes optimisent les fonctions mentales et physiques du corps par une
action sur l’axe hypothalamus-hypophyse-surrénales et sur l’activité cellulaire
en général. En médecine traditionnelle chinoise (MTC), on appelle les
adaptogènes des « toniques supérieurs ». Ces toniques vont « favoriser
globalement la santé, augmenter l’énergie de l’organisme et régulariser ou
harmoniser les fonctions physiques et psychiques ». La liste des adaptogènes
comprend évidemment une majorité de plantes chinoises, la MTC les utilisant
depuis des millénaires. Les principales sont les Ginsengs (Panax ginseng, Panax
quinquefolius), l’Eleuthérococcus senticosus ou Éleuthéro (faussement appelé
ginseng sibérien), le Codonopsis, l’Astragale, le Reishi, l’Ashwagandha,
l’Ortie, l’Avoine, le Schizandra, le Jiaogulan (Gynos-temma pentaphyllum) et
j’en passe.
Le mot adaptogène suggère
une certaine posologie; en période de changement, lorsque le niveau de stress
dépasse la capacité de réponse normale de l’individu et que le besoin
d’adaptation est plus criant. Du nouveau boulot à un déménagement, en passant
par un accouchement, une maladie ou une convalescence, une épidémie de rhume
dans le voisinage, une dépression, un amour qui s’éteint ou un amour naissant,
un changement de saison, un voyage, un deuil, l’adolescence… Vous voyez le
portrait!
L’adaptogène à choisir
dépend réellement de ce dont chacun a besoin. Ces plantes ayant toutes leurs
spécificités propres, tout comme chaque individu. Prochain texte, je choisis
l’une d’entre elles et vous en parle en long et en large.
Annie Rouleau
Herboriste praticienne
À lire:
“Adaptogens - Herbs
For Strength, Stamina, and Stress Relief”, par David Winston, Éditions Penguin
Group
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire