jeudi 18 novembre 2010

Yule


Yule est le nom de la très ancienne fête païenne du solstice d’hiver, célébrant la naissance du Dieu soleil, ou Dieu cornu selon les coutumes. Elle représente l’espoir et la renaissance. La plus longue nuit de l’année annonce le retour de la lumière.
Son origine est apparemment Germanique. Les festivités du solstice d’hiver débutaient autour du 21 décembre pour se terminer 12 jours plus tard. Une trêve de guerre, d’armes et de travail prévalait, des feux et des sacrifices honoraient les Dieux et la Déesse.
Le Christianisme transforma Yule en Noël. Le solstice céda sa place à la naissance de Jésus. Le 25 décembre devint la date officielle du début des festivités pour se terminer à l’épiphanie.

Des anciennes traditions sont tout de même restés quelques vestiges fondamentaux, comme l’aura de fraternité, de partage et d’entraide qui émane de cette fête. Un autre élément est aussi resté; l’arbre de Noël.
Autrefois, c’est l’épicéa qui faisait office d’arbre sacré. Aujourd’hui, le sapin est plus populaire pour remplir la fonction. Ces arbres toujours verts représentent la vie dans la mort, la lumière dans la nuit. Ils servaient à accrocher toutes sorte d’offrandes. Les pommes furent remplacées par des boules de verre au 19ème siècle et la tradition devint tranquillement le symbole officiel de Noël.

Le sapin, baumier de préférence, est en outre un arbre sacré pour des raisons un peu plus biochimiques que religieuses. Ses huiles essentielles sont extrêmement médicinales. L’infusion de sapin sauva bien des marins européens du terrible scorbut qui décimait les troupes d’explorateurs. En fait, il n’est pas clair si le sapin fut bel et bien utilisé à l’époque ou si il s’agissait plutôt d’une variété de pin ou de thuya. Peu importe, tous les conifères sont riches en vitamine C et en acide ascorbique, responsables des vertus anti-scorbut de ces arbres.
Le sapin est utilisé depuis la nuit des temps. Il est antiseptique, expectorant, cicatrisant, digestif, diurétique et calmant pour les douleurs rhumatismales et musculaires. Voici tout de même un assez considérable arsenal de propriétés médicinales! Il pousse partout dans nos contrées et est facile à utiliser, à l’exception de la gomme qui présente un défi pour quiconque souhaite en recueillir sans l’outil adéquat. Ce dernier se nomme picoué. Il s’agit d’un petit gobelet de fer muni d’un bec à dents. En enfonçant celles-ci dans les vésicules de gomme, il devient possible de récolter le précieux ingrédient sans se coller les doigts. Cette gomme peut alors être encapsulée, façonnée en pastilles, infusée ou appliquée directement sur les lésions cutanées. Les jeunes pousses et les bourgeons sont aussi utilisés.

Mais qu’est ce que ça fait?
Le sapin sert pour les troubles respiratoires; toux, bronchite, sinusite, etc. Il est aussi apprécié des gens qui arrêtent de fumer, facilitant le nettoyage et la guérison des poumons. Prendre en capsule, en infusion ou en huile essentielle.
Pour ses propriétés antiseptique et cicatrisante, le sapin sert en cas de gerçures des mains, de verrues plantaires, d’ulcères cutanés. Il a même été prouvé efficace pour soigner le vilain Staphylococcus aureus1, communément appelé le Staphylocoque doré, responsable d’infections bactériennes souvent difficiles à soigner, comme le panaris, les furoncles ou l’anthrax (non pas ce que l’on nomme la maladie du charbon, qui est une autre affection bactérienne).
Au niveau digestif, la gomme et l’infusion de sapin stimulent la digestion et, à forte dose, traitent la constipation.
En application externe, le sapin soulage les douleurs rhumatismales et musculaires.

L’utilisation de la gomme de sapin sur la peau demande quelques instructions. Il est essentiel d’avoir à portée de main une huile végétale. Celle-ci permet d’enlever la gomme une fois le temps d’application écoulé. Le plus simple demeure l’application de l’huile essentielle. Il est préférable de diluer quelques gouttes de celle-ci dans un peu d’huile végétale pour éviter les possibilités d’irritation que les huiles essentielles peuvent causer sur des peaux sensibles. De telles applications peuvent être faites sur le thorax pour les toux, sur les articulations douloureuses et pour les plaies. L’huile essentielle peut aussi être prise en interne à raison de deux gouttes sur la langue. Des capsules de gomme sont aussi disponibles en magasin. Suivre la posologie du fabricant.

Une recette, pour terminer!

Miel de bourgeons de sapin
À la fin du mois de mai ou au début juin, les bourgeons de sapin s’ouvrent. Pour les cueillir, il suffit de les saisir entre les doigts et de tirer. Éviter de prendre tous les bourgeons d’une même branche pour ne pas nuire à la croissance de l’arbre. Récolter de quoi remplir à moitié un pot de verre d’environ 500 ml. Procurez-vous un miel liquide non pasteurisé. Vous n’aurez qu’à remplir le pot contenant les bourgeons avec le miel. Il est possible de réchauffer légèrement le miel pour faciliter le mélange. Laisser macérer quatre semaines, en brassant chaque jour. Pour ce faire, vous pouvez laisser le pot sur le comptoir de cuisine et simplement le retourner quotidiennement. Pour filtrer, servez-vous d’un tamis dans lequel vous verser le tout et laisser simplement le miel s’égoutter dans le réceptacle. Résultat : un miel médicinal au goût exquis, parfumant à merveille une infusion pour la toux!

Santé!

Annie Rouleau
Herboriste Praticienne

1 Phytothérapie Research, volume 20, numéro 5, Composition and antibacterial activity of Abies balsamea essential oil, par André Pichette, Pierre-Luc Larouche, Maxime Lebrun, Jean Legault
Article first published online: 18 APR 2006

mardi 26 octobre 2010

Les cinq sens du schisandra

Pour des raisons qui semblent profondément obscures, l’être humain est déséquilibré. La mise en lumière de causalités permettant de rétablir une harmonie momentanée répond certainement à un besoin d’évolution, mais la nature demeure et l’incompréhension se perpétue. Notre apparente petitesse dans cet infini qu’est la vie provoque un complexe d’infériorité collectif qui perdure depuis la nuit des temps et fait que finalement, on magnifie la complexité alors qu’au fond, c’est si simple; nous faisons partie d’un tout, ni plus ni moins importants que chacune de ses autres composantes. Chacun sa place, chacun son rôle. L’analogie de ce constat pourrait être illustrée, à l’échelle individuelle, par la réalisation d’un rêve : le rationnel sera chargé de faire le magasinage pratico pratique, alors que le cœur assurera la réalisation. L’inverse risquerait fort de mener à l’abandon pur et simple du projet, les rêves n’étant pas, par définition, rationnels!
La perfection existe, c’est une danse, un mouvement où règne l’harmonie et l’humilité.

En Asie de l’est pousse une plante qui produit de petites baies rouges dont le nom chinois signifie « le fruit aux cinq saveurs ». La peau et la chair sont sucrées, la graine est acre et amère, et l’ensemble du fruit est salé. En Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC), chacune de ces saveurs supporte un des cinq organes, yin, le cas échéant : le foie, le cœur, la rate, les poumons et les reins. À ces organes sont associés les cinq éléments, soit le bois, le feu, la terre, le métal et l’eau, chacun adjoint d’une foule d’autres détails utilisés en MTC pour préserver la santé, établir un diagnostique ou traiter un trouble. Elle se nomme schisandra, Schisandra chinensis en latin, Wu wei zi en chinois.

Le schisandra fait partie des plus importantes plantes adaptogènes. Il est utilisé depuis des millénaires, en Chine et au Japon notamment, pour soutenir l’immunité et redonner de la force vitale. Il est dit que les jeunes Chinois, à la veille de leur noce, recevaient des baies de schisandra afin d’être parfaitement équipés pour honorer la nouvelle épouse. Bien sur le peuple de Chine prise les aphrodisiaques, c’est connu, et le schisandra n’échappe pas à la tendance. Mais ce qui le rend efficace pour donner tonus et énergie en vue d’ébats amoureux réside dans ses qualités toniques. Comme les autres plantes adaptogènes, le schisandra augmente l’endurance physique. Mais attardons-nous sur l’aspect tonique.

Par un savant travail sur les reins, le schisandra aide le corps à conserver ses fluides, entre autres ceux produits par les organes sexuels. Ainsi, la plante est utilisée dans toutes sortes de situations d’évacuation indésirée de liquides, comme les sueurs nocturnes, une transpiration démesurée, les diarrhées, les pertes vaginales, l’éjaculation précoce ou l’émission trop fréquente d’urine. La plante est astringente, ce qui signifie qu’elle permet aux cellules des différents tissus du corps de se resserrer, donc de garder leur humidité. Pour cette raison, le schisandra tonifie aussi la peau et la protège des effets néfastes des intempéries et du soleil.
Au niveau des poumons, la plante sera utile pour les personnes fragiles et sujettes à l’asthme et aux troubles pulmonaires chroniques. Le schisandra peut être pris durant une période de toux. Sur le plan de l’immunité, il augmente globalement l’activité immunitaire et aide à prévenir l’épuisement du système que l’excès de stress peut causer. Il est très utilisé pour soutenir les personnes aux prises avec des cancers, de grandes déficiences immunitaires ou de la fatigue chronique, ou simplement pour supporter toute personne désireuse de se maintenir en santé.

Ensuite, le fruit aux cinq saveurs tonifie le système nerveux. Il est stimulant du système nerveux central, ce qui a pour résultat d’accroitre les réflexes, augmenter l’activité mentale et la vitalité, la concentration et la mémoire. Paradoxalement, il est aussi calmant et aide en cas d’anxiété et de dépression.

Puis, finalement, le schisandra est un très grand protecteur du foie. Il favorise la régénération des cellules de l’organe en cas d’hépatite virale ou de dommages causés par des médicaments ou d’autres substances toxiques. Il permet aussi aux cellules du corps d’augmenter la production du puissant antioxydant qu’est le glutathion.

Ainsi, il est clair que le schisandra s’adresse au « tout ». Je ne peux que venter cette plante merveilleuse. Même si ses petites baies ne permettent pas d’expliquer le déséquilibre humain, ils aident tout au moins à assainir un corps et une âme fatigués par les stress qu’engendrent l’existence.

De deux à neuf grammes de baies séchées par jour sont suggérés, soit de une à quatre cuillérées à thé. Les préparer en décoction; deux grammes par tasse d’eau, mijoter environ quinze minutes. L’extrait liquide, ou teinture est aussi une alternative. Prendre de 40 à 80 gouttes trois fois par jour ou selon la posologie du fabricant. Le schisandra peut être pris sur de longues périodes. Une année entière n’est pas excédentaire lorsqu’on souhaite traiter des troubles profonds. Autrement, un minimum de un mois de prise quotidienne est souhaitable. Pour les enfants, donner une demi dose entre six et douze ans. Un quart pour les plus petits.
Renseignez-vous si vous souhaitez prendre le schisandra en même temps que d’autres médicaments pour vous assurer que chacun fera son travail sans nuire à l’autre.

Annie Rouleau
Herboriste Praticienne

Références :
*Radiant Health, par Ron Teeguarden, éd. Warner Books, 1998
*Chinese Traditional Herbal Medecine, vol.II, par Dr. Michael Tierra et Lesley Tierra, éd. Lotus Presse, 1998
*Adaptogenes, par David Winston et Steven Maimes, éd. Healing Arts Press, 2007

jeudi 26 août 2010

Avena sativa



L'espace intérieur. S'occuper de soi. Prendre soin de son être comme on cultive un jardin, avec amour, attention, compassion et empathie. S'aimer suffisamment pour se permettre d'être intègre. Apprivoiser la solitude comme un moment privilégié de contact avec son intériorité. Développer son vocabulaire émotif pour faciliter la reconnaissance et l'expression de ses besoins fondamentaux. Constater humblement l'impossibilité d'être autre chose que soi-même, entièrement, à chaque instant, et en être fier, profondément. Erich Fromm le dit comme suit: "Le précepte biblique "Aime ton prochain comme toi-même" signifie précisément que le respect de sa propre intégrité et singularité, l'amour et la compréhension de son propre soi, sont inséparables du respect, de l'amour et de la compréhension d'autrui".

On met souvent beaucoup d'énergie à fuir ce précepte. Toutes les formes de dépendances sont une façon éprouvée de ne pas être avec soi-même. Entre autres méthodes efficaces, on peut citer; s'occuper des autres en sauveur, pratiquer la procrastination, rationaliser. Puis, un jour, on tombe malade, ou encore on se crée une situation de crise conjugale extrême qui nous force à voir le problème "en pleine face"! Alors l'option de s'éviter ne se pose plus. Enfin, on a toujours le choix de remettre encore à plus tard mais bon!

Cela dit, je ne suis pas philosophe, je suis une sorcière. Or, dans ces périodes de tourbillons émotifs profonds, la sorcière avertie sort son grimoire et fait un feu sous le chaudron. Plusieurs plantes composeront sa potion, mais je ne vous parlerai aujourd'hui que de l'une d'elles: Avena sativa, l'avoine.
L'avoine est associée au nord. Non seulement elle y pousse mais aussi, depuis des siècles, elle y bâti "des humains robustes, capables de s'adapter aux plus extrêmes exigences climatiques et sociales, du rhume à la famine, en passant par les guerres et autres fléaux."(1)

Extrêmement nutritive, cette douce plante est un des grands toniques du système nerveux. Elle nourrit et restaure les nerfs entre autre grâce à sa forte concentration en minéraux; Insomnie, dépression, maux de tête chroniques et fatigue du même acabit, épuisement, sevrage (nicotine, drogues)...
En fait, en tonifiant le système nerveux, c'est l'ensemble de la circulation des influx nerveux qui est optimisée. Les effets se font sentir notamment sur la concentration et la lucidité, sur les réactions musculaires, même sur la sensibilité de la peau et la tolérance à la douleur.
D'un point de vue plus psychique, l'avoine a une capacité à nous aider à nous centrer. Elle fait s'illuminer le plexus solaire et se relâcher les épaules, crispées par l'anxiété. L'état de bien être et de légèreté alors ressenti permet de mieux traverser les moments houleux, stressants ou douloureux. Je vous dirais que l'avoine est une grande alliée de l'introspection; il est beaucoup plus facile de gérer ses doutes lorsqu'on est bien centré!
Les enfants hyperactifs ou vivant des périodes d'anxiétés seront aidés par l'avoine. Et puis, on peut en faire des biscuits, muffins et autres gâteaux nourrissants!
En bain, elle est aussi très agréable. Une grosse infusion d'avoine dans un bon bain chaud, voilà de quoi désamorcer une crise "d'hystérie" et vous enligner sur un calme satisfaisant.
La plante travaille aussi sur d'autres systèmes. Elle renforce les vaisseaux sanguins, aide à diminuer les hauts taux de cholestérol et de glycémie, aide à construire et à conserver de bons os et de bonnes dents. C'est une des céréales les plus riches en protéines. De plus, l'avoine supporte les fonctions endocrines, notamment les déficiences thyroïdiennes. Et pour la peau, l'avoine soulage et adoucit dans les cas d'eczéma et autres irritations cutanées. J'en passe...
Un regard sur ses constituants chimiques corrobore tout cela mais là n'est pas mon point aujourd'hui. Je vous parlais d'espace intérieure. Pour paraphraser à nouveau Peter Holmes, "l'avoine remet complètement l'organisme en état, de l'intérieur vers l'extérieur, parce qu'elle va partout". Comme s'occuper de soi débute à l'intérieur, par un choix, et nous demande de tout  regarder. S'ensuit l'épanouissement et ma foi, l'avoine est vraiment une belle alliée de ce processus... croyez-en ma grande expérience! HéHéHé

Annie Rouleau
Herboriste


(1) Peter Holmes, The energetics of western herbs, Snow Lotus Press © 1997

dimanche 25 juillet 2010

Petits dépaysements de tous les jours…


Ou l’art d’être dépaysé en préparant une soupe aux carottes.
Première étape : s’arrêter.
Saisir l’instant et le vivre attentivement...
Constater l’effet des effluves de cuisson sur l’appétit. S’attarder sur l’effet de l’eau fraîche qui coule dans la gorge. Arrêter… et regarder un vol d’outardes. Identifier l’impact profond d’une parole…
Poursuivons le dépaysement en maintenant l’état de présence et reprenons la soupe aux carottes.
Ce mets peut, de prime abord, être considéré comme banal. Mais, outre les éléments nutritifs habituellement connus des carottes, que peut-on observer? Tout d’abord, leur couleur est celle du deuxième chakra (1), situé dans l’abdomen. C’est le domaine de l’identité profonde, le siège de la vitalité et de la créativité. En Médecine Traditionnelle Chinoise (2), orange, comme jaune et jaune-orangé, est la couleur de l’élément Terre. La Rate et l’Estomac y sont associés. Dans la tradition chinoise, ce sont les organes primordiaux de la digestion. En gros, la rate reçoit la nourriture partiellement digérée, en provenance de l’estomac, et la transforme en énergie vitale ou Qi. Cette énergie est ensuite redistribuée à toutes les parties du corps, nourrissant ainsi chaque organe.
Un autre aspect des carottes, toujours en relation avec l’élément Terre, est leur saveur sucrée. Elle est associée à « l’essence nourrissante » des aliments.
Les carottes peuvent aussi représenter un ancrage dans la terre, comme bien des légumes racines.
Et ainsi de suite, il est possible de concentrer son attention sur de nombreux aspects de la soupe aux carottes, selon les idées et besoins de chacun. L’impact sur la préparation sera le suivant : la soupe sera empreinte de votre « intention », et celle-ci fera son chemin dans votre corps lorsque vous mangerez.
Tous ces petits gestes routiniers, à priori insignifiants, sont des moments de dépaysement potentiels. Se laver, par exemple. Prendre un bain détend, mais vous pouvez accentuer l’effet en visualisant les tensions se détachant avec chaque main d’eau qui asperge vos épaules. Cette énergie se retrouvera dans l’eau. Restez dans le bain lorsqu’il se draine et concentrez-vous sur l’eau qui s’en va, emportant avec elle vos vieilles tensions. Ne reste plus qu’à dire : Ouf… Merci beaucoup!
Même chose avec les plantes médicinales. Une femme, après son accouchement, boit des infusions d’alchémille pour tonifier son plancher pelvien (c’est une des propriétés de la plante). L’alchémille, Alchemilla vulgaris, s’appelle en anglais Lady’s mantle. La traduction est « Manteau de Notre-Dame ». L’alchémille habille les femmes et les protège, comme une chaude couverture. Ses feuilles ont la forme d’une coupe ou d’un petit bol, ou encore d’une cape. Alors cette femme en post-partum, peut, avec chaque gorgée d’infusion, imaginer une grande feuille d’alchémille recouvrant et supportant toute sa zone pelvienne.
La visualisation est un outil utile pour les petits dépaysements quotidiens. L’imagination aussi, j’en conviens!
Bon voyage!

Annie Rouleau
Herboriste


(1)  La science des chakras, de Daniel Briez. Éditions de Mortagne  © 1994
(2)  Chinese traditional herbal medecine, vol. 1, par Dr. Michael Tierra et Lesley Tierra, Éditions Lotus Press, © 1998

Petits dépaysements de tous les jours…


Ou l’art d’être dépaysé en préparant une soupe aux carottes.
Première étape : s’arrêter.
Saisir l’instant et le vivre attentivement...
Constater l’effet des effluves de cuisson sur l’appétit. S’attarder sur l’effet de l’eau fraîche qui coule dans la gorge. Arrêter… et regarder un vol d’outardes. Identifier l’impact profond d’une parole…
Poursuivons le dépaysement en maintenant l’état de présence et reprenons la soupe aux carottes.
Ce mets peut, de prime abord, être considéré comme banal. Mais, outre les éléments nutritifs habituellement connus des carottes, que peut-on observer? Tout d’abord, leur couleur est celle du deuxième chakra (1), situé dans l’abdomen. C’est le domaine de l’identité profonde, le siège de la vitalité et de la créativité. En Médecine Traditionnelle Chinoise (2), orange, comme jaune et jaune-orangé, est la couleur de l’élément Terre. La Rate et l’Estomac y sont associés. Dans la tradition chinoise, ce sont les organes primordiaux de la digestion. En gros, la rate reçoit la nourriture partiellement digérée, en provenance de l’estomac, et la transforme en énergie vitale ou Qi. Cette énergie est ensuite redistribuée à toutes les parties du corps, nourrissant ainsi chaque organe.
Un autre aspect des carottes, toujours en relation avec l’élément Terre, est leur saveur sucrée. Elle est associée à « l’essence nourrissante » des aliments.
Les carottes peuvent aussi représenter un ancrage dans la terre, comme bien des légumes racines.
Et ainsi de suite, il est possible de concentrer son attention sur de nombreux aspects de la soupe aux carottes, selon les idées et besoins de chacun. L’impact sur la préparation sera le suivant : la soupe sera empreinte de votre « intention », et celle-ci fera son chemin dans votre corps lorsque vous mangerez.
Tous ces petits gestes routiniers, à priori insignifiants, sont des moments de dépaysement potentiels. Se laver, par exemple. Prendre un bain détend, mais vous pouvez accentuer l’effet en visualisant les tensions se détachant avec chaque main d’eau qui asperge vos épaules. Cette énergie se retrouvera dans l’eau. Restez dans le bain lorsqu’il se draine et concentrez-vous sur l’eau qui s’en va, emportant avec elle vos vieilles tensions. Ne reste plus qu’à dire : Ouf… Merci beaucoup!
Même chose avec les plantes médicinales. Une femme, après son accouchement, boit des infusions d’alchémille pour tonifier son plancher pelvien (c’est une des propriétés de la plante). L’alchémille, Alchemilla vulgaris, s’appelle en anglais Lady’s mantle. La traduction est « Manteau de Notre-Dame ». L’alchémille habille les femmes et les protège, comme une chaude couverture. Ses feuilles ont la forme d’une coupe ou d’un petit bol, ou encore d’une cape. Alors cette femme en post-partum, peut, avec chaque gorgée d’infusion, imaginer une grande feuille d’alchémille recouvrant et supportant toute sa zone pelvienne.
La visualisation est un outil utile pour les petits dépaysements quotidiens. L’imagination aussi, j’en conviens!
Bon voyage!

Annie Rouleau
Herboriste
(450) 538-6454


  1. (1)  La science des chakras, de Daniel Briez. Éditions de Mortagne  © 1994
  2. (2)  Chinese traditional herbal medecine, vol. 1, par Dr. Michael Tierra et Lesley Tierra, Éditions Lotus Press, © 1998


samedi 24 juillet 2010

Plateforme de lancement

Il sera souvent question, dans ce blog, du pouvoir intrinsèque de guérison de l’être. De la capacité inhérente au corps de maintenir son équilibre intérieur, et de le retrouver lorsqu’il est affecté. Ce concept peut sembler absurde, ou exagéré, aux yeux des puristes de la méthode scientifique, bien que de nombreuses avenues offrent aujourd’hui de savantes analyses sur des sujets autrefois considérés comme ésotériques et non fondés. La physique quantique par exemple, ou la psycho-neuro-immunologie (aussi appelée immuno-neuro-endocrinologie), branche d’étude médicale se concentrant sur les liens entre les émotions et les systèmes nerveux, immunitaire et endocrinien, constatant ainsi que le corps et l’esprit sont indissociables! On se rapproche de la vision holistique des choses!

« Le corps, comme les rêves ou les signes de jour, est une voie de communication de l’inconscient, dont il est le siège. Les symptômes, c’est l’inconscient qui parle ; et guérir, c’est ouvrir le dialogue avec le monde intérieur »1. Ces mots ont une portée incroyable. Comme dans n’importe quel conflit, la communication est la première planche de salut.

On est maintenant dans l’approche psychosomatique des maux. Il est possible d’aller très loin avec cette forme de thérapeutique. La condition majeure à son impact demeure la disponibilité personnelle à entrer en contact avec soi-même. La psychothérapie est une voie d’exploration intéressante. Elle peut être une base de compréhension en vue d’une démarche plus profonde. Les méthodes utilisées ensuite pour identifier la source du trouble sont nombreuses, avec entre autres la Médecine Nouvelle du Docteur Hamer.

« Les symptômes de malaise sont des manifestations provoquées par des pensées, croyances et attitudes mentales passées de l’individu. Il est important de réaliser que nous n’avons pas le pouvoir de changer ce qui fut. Le réel pouvoir personnel, celui de changer ce qui est, n’existe que dans le présent, là où chacun peut visualiser, sentir et consciemment créer la nature d’expériences futures »2. Cette vision des choses est sous-tendue par une conception de la vie proche de la physique quantique, ou de l’alchimie, là où il est question de perception de la réalité et de fréquences vibratoires. À ce niveau d’introspection, le focus n’est plus sur la cause des maux, mais plutôt sur l’art d’utiliser ceux-ci comme les pertinents indicateurs qu’ils sont, montrant avec précision les attitudes à corriger.

Ceux qui l’on déjà vécu vous le diront, l’état de grâce ressentit lorsque la source d’un mal devient claire, que la leçon s’intègre, et que la route à suivre se dessine, incontournable et belle, ce moment ne laisse aucun doute sur l’exactitude de sa propre place.

Revenons sur le dialogue intérieur et sur la profondeur d’intimité avec soi qu’il demande. Il existe des médecines et thérapies qui aident à « intégrer les leçons impliquées dans tout mal-être, à relever les défis que représentent pour l’âme la douleur physique et la souffrance morale, et donc, à transformer nos vies »3. De celles-là une se démarque, selon mes critères d’herboriste il va sans dire! Il s’agit de la thérapie florale. Dans la lignée de nos ancêtres alchimistes, les élixirs floraux représentent la Quinta essentia alchimique. Ils sont une application matérielle du précepte « ce qui est en bas est comme ce qui est en haut », en ce sens qu’il sont issus d’une « compréhension très précise de la façon dont les pensées, les sentiments et le vécu de la psyché humaine reflètent les mêmes lois cosmiques que celles présidant aux modes de croissance, aux formes, aux couleurs, aux parfums et aux énergies vitales de la nature, et qui s’expriment dans la plante en fleur »3. Les élixirs floraux ne sont pas des médicaments. Ce sont des préparations de nature vibratoire à base de fleurs fraiches, qui catalysent le processus de transformation en stimulant « le dialogue intérieur avec les aspects cachés du moi », laissant à l’âme tout son libre arbitre. Ces « conversations » permettent de profonds changements psychiques, qui, à leur tour, donnent lieu à des modifications physiologiques.

Les propriétés des préparations d’herboristerie et des élixirs floraux sont intimement liées, mais pour l’heure, je ne puis vous en dire plus, se sera pour une prochaine fois. D’ici là, si vous souhaitez explorer un peu cet univers, plusieurs herboristerie ou magasins de produits naturels tiennent les coffrets soit des Fleurs de Bach, de Arthur Bailey, de la Flower Essence Society ou de l’Armoire aux herbes. Il est donc possible de s’y faire préparer un mélange.

Autrement, le film « What the Bleep do we know? » parle d’une très jolie manière de physique quantique et de perception de la réalité. À voir si ce n’est déjà fait!

À suivre…

Annie Rouleau

Herboriste

1 Marie-Lise Labonté, instigatrice de la Méthode de Libération des Cuirasses.

2 Tiré du texte « A perspective on médecine » » du livre The Herbal Medecine-Makers Handbook, par James Green.

3 Répertoire des élixirs floraux, The Flower Essence Society, par Patricia Kaminski et Richard Katz.