lundi 24 janvier 2011

Symbole d’immortalité

« Si les gens du peuple permettent au gouvernement de décider de leur nourriture et de leurs médicaments, leurs corps ne tarderont pas à présenter l’état pitoyable des âmes qui vivent sous la tyrannie. »

Thomas JEFFERSON (1743-1826), 3ème Président des Etats-Unis, auteur de la Déclaration d’Indépendance  

Il y a quelques années, le gouvernement canadien a adopté une nouvelle réglementation en matière de produits de santé naturels. L’élaboration de cette réglementation ne s’est pas faite sans consultations, publiques et spécialisées. Elle ne s'est pas non plus faite sans peurs, sans protestations, sans scénario de prise de contrôle des magnats de la pharmaceutique. Le travail et la détermination de gens des milieux tant alternatifs qu’institutionnels ont permit de mettre en place des critères permettant à une majorité de PME de produits traditionnels de survivre. Des compagnies extraordinaires ont par ailleurs choisi de fermer leurs portes, faute de moyens nécessaires pour se conformer aux nouvelles exigences, onéreuses il va sans dire. D’autres ont préféré retourner dans l’anonymat. Tout bien considéré, il convient de dire que toutes ces formes de contrôle limitent la liberté d’action des consommateurs et des thérapeutes en santé naturelle. La docilité est une vertu lorsqu’elle est soutenue par le libre arbitre.

L’humain se soigne avec des plantes médicinales depuis l’origine de l’espèce. Le fait que les médicaments de synthèse soient souvent issus de molécules végétales n’empêche aucunement l’utilisation des plantes desquelles ils sont issus. Par exemple; le saule, Salix alba ou saule blanc plus spécifiquement. Il contient des salicylates, dont la salicortine, qui, après quelques modifications chimiques survenant suite à son absorption, devient de l’acide salicylique, connue dans sa forme acétylée sous la Marque Déposée « Aspirine ».


Au même titre que la petite pilule blanche, le saule est analgésique, anti-inflammatoire et antipyrétique, donc agissant comme un agent diminuant de la fièvre. Il est utilisé pour soulager les douleurs rhumatismales, arthritiques et névralgiques, celles causées par les infections urinaires, les maux de têtes et de dos, les douleurs menstruelles et pour calmer la fièvre. Jean Valnet, médecin et phytothérapeute français, l’a surnommé « l’arbre contre la douleur ». On peut comprendre!
Un autre point intéressant est que le saule soulage l’hyperacidité gastrique, contrairement à son équivalent de synthèse qui, lui, peut provoquer de graves lésions à l’estomac.

Mais le saule n’est plus très populaire. Trop simple, peut-être, comme solution au mal de bloc! Trop peu reconnu? Mal utilisé? Il est clair, comme avec bon nombre de plantes médicinales, qu’il est de première importance d’associer le bon remède au bon trouble. Par exemple, le saule ne sera pas réellement indiqué en cas de migraines, ces dernières étant causées par d’autres mécanismes que ceux, inflammatoires, impliqués dans les douleurs arthritiques.

Du saule, la partie la plus utilisée est l’écorce interne de branches de deux ou trois ans. Le seul inconvénient est que de prélever cette écorce peut grandement nuire à la survie de l’arbre. Certains herboristes auront un concentré liquide d’écorce de saule dans leur dispensaire. Il est aussi possible de se procurer de l’écorce séchée dans les magasins de produits de santé naturels. Les fleurs, appelées chatons, peuvent aussi être consommées en infusion. De cinq à dix grammes de plante séchée par jour, toutes parties confondues, et de deux à quatre millilitres de teinture. Une décoction d’écorce de saule peut aussi être utilisée en externe, soit en compresse ou ajoutée à l’eau du bain pour soulager la douleur et pour accélérer la guérison de blessures.


Les contre-indications ne sont pas fondées sur l’écorce de saule en soi, mais plutôt sur l’extrapolation des effets indésirables de l’Aspirine™.  Les personnes hypersensibles ou allergiques à cette dernière peuvent quand même être vigilants s’ils choisissent de prendre du saule.


Annie Rouleau
Herboriste praticienne


Références

-       The Energetics of Western Herbs, par Peter Holmes, éd. Snow Lotus ©1998
-       Medicinal Plants of the World, Ben-Erik van Wyk & Michael Wink, éd. Timber Press ©2004
-       Passeportsanté.net
-       Diet-and-health.net