mardi 12 avril 2011

Éloge de la beauté, la Reine des prés

L’être humain est un petit animal complexe et la liste de ses besoins fondamentaux est fascinante. Reconnaître et combler ces derniers relève d’un art de vivre parfois difficile à maitriser. Savoir par exemple qu’une grande tristesse et un abattement peuvent dépendre d’un besoin de sens non comblé, ou que la crise de nerfs du parent qui réprimande l’enfant qui part pour l’école en t-shirt sous la pluie parle en fait d’un besoin de sécurité! Certains théoriciens hiérarchisent ces besoins. La réalité, elle, prouve qu’Einstein avait raison; tout est relatif. Combien d’œuvres grandioses ont été réalisées par des personnes vivant dans des conditions de survie on ne peut plus précaires!

La beauté fait partie des besoins fondamentaux. L’émoi qu’elle procure nourri l’âme et le cœur. La nature est probablement le plus riche havre de beauté qui soit. Le moindre regard sensible offre une source de contentement du besoin de beauté. Pas surprenant qu’il fasse partie de ceux dits « spirituels ».
Près des rivières et des ruisseaux pousse une plante, emblème de finesse et d’élégance. Elle se nomme Reine des près et porte délicatement son nom. Une reine toute simple, au parfum d’amande, de la blancheur de la lumière et aux vertus médicinales salutaires.

La reine des prés est de la famille des rosacées et comme les autres membres de cette dynastie, elle est astringente. Ses feuilles surtout. Celles-ci peuvent être appliquées directement sur une blessure, légèrement broyées ou mâchées, ou infusées et appliqué en compresse. La plante peut aussi entrer dans un mélange visant à soulager les troubles de la bouche et des gencives : ulcères, saignements, etc. Mais feuilles et fleurs combinées forment le réel remède.


La reine des prés est astringente, oui, mais elle est aussi anti-inflammatoire et antalgique, donc diminue la douleur. Comme le saule, elle contient des composés salicylés et c’est de son ancien nom latin, Spirea ulmaria, que le mot Aspirine est dérivé. Comme cette dernière, la reine des près fluidifie le sang, élément à considérer pour ceux qui utilisent des produits ayant également cette fonction.
La plante est indiquée dans nombre d’affections inflammatoires des articulations, comme l’arthrite et les rhumatismes. Elle agit sur la réaction inflammatoire en soi et favorise l’élimination de l’acide urique. Ces actions la rendent aussi utile en cas d’infections et d’inflammations des reins, en combinaison avec d’autres plantes antiseptiques et émollientes.
Son autre domaine de prédilection est le système digestif. La reine des près est LA plante pour soulager les reflux gastriques et les brûlements d’estomac. Elle neutralise l’excès d’acidité, favorisant ainsi la guérison des ulcères, gastriques et duodénaux. Par son astringence, elle est par ailleurs intéressante pour les troubles intestinaux, encore à caractère inflammatoire. Et puis, tout en douceur, elle peut entrer dans une préparation soulageant la diarrhée. Toute douce, parfaite pour les tout petits, les très âgés, les affaiblis.

Cette plante sacré des druides anciens est depuis fort longtemps utilisée pour parfumer les desserts. Une recette? Préparez une infusion corsée de fleurs de reine des près, ajoutez un peu de miel et un peu d’eau et faites-en un granité! En vue d’une utilisation culinaire, il est préférable de bien sécher la plante et de ne la consommer que l’année suivante. Le temps permet le développement des arômes. Pour un usage médicinal, cette consigne ne s’applique pas.

La reine des près pousse surtout dans les lieux humides, au bord des ruisseaux, dans les fossés. Ses fleurs, toutes délicates, composent de vaporeux pompons blancs qui semblent suspendus dans le vide, comme les nuages. La grâce et l’élégance incarnée!

Le bémol de la reine des près est, tel que mentionné précédemment, qu’elle fluidifie le sang et pourrait causer du tord aux personnes ayant des troubles de coagulation, ou qui sont médicamentées à cet effet. Aussi, comme elle contient des salicylates, elle ne convient pas à ceux qui réagissent à ces composés. Renseignez-vous!
Autrement, mais sans toutefois excéder quatre tasses par jour, infuser une cuillérée à thé dans une tasse d’eau bouillante et boire au besoin.

Santé!

Annie Rouleau
Herboriste praticienne