Voici une bien curieuse caractéristique que celle de
l’ubiquité! Aux mains de certains hommes, car les femmes semblent moins
enclines à posséder ce genre de dons, elle n’est que synonyme de pouvoir. De
« Big Brother is watching you! » à la UID, ou Ubiquitus ID, que je ne
prétend aucunement comprendre mais qui me parait terrifiante, les quelques
réussites humaines à maitriser l’ubiquité ne sont pas très
« humanistes ». L’immortalité me parait plus poétique. Survivre aux
âges, être de toutes les époques, voilà, ce me semble, un phantasme de science
fiction plus attirant que celui d’être partout à la fois!
La pharmacopée médicinale est remplie de plantes ayant
traversé le temps. Des plantes que l’humain utilise depuis des milliers
d’années et qui, sans aujourd’hui faire partie des codex officiels, sont
néanmoins fort efficaces. La myrrhe en est une. Cette gomme oléorésineuse
exsude du tronc des arbustes du genre Commiphora.
Durant la floraison ou pour parer une blessure, l’arbre sécrète spontanément de
petites larmes de myrrhe. La récolte se fait aussi en entaillant le tronc pour
provoquer la production. Il fut un temps où la myrrhe valait autant et même
davantage que l’or. Ainsi durant plusieurs siècles, les contrées marchandes s’enrichirent
allègrement. Originaire du nord-est de l’Afrique et de la péninsule arabique,
la myrrhe est utilisée depuis des temps immémoriaux, tant pour ses vertus
médicinales que pour des usages rituels. Il est dit que la myrrhe fut l’un des
trois cadeaux offerts par les Rois Mages à l’ubiquiste le plus connu; Jésus. Mais
son utilisation date de bien avant l’ère chrétienne. Le plus ancien écrit
relatant son usage est le papyrus Ebers rédigé possiblement au seizième siècle
avant notre ère. Ce document fait partie des plus anciens textes médicaux
auxquels nous pouvons nous référer. La myrrhe était utilisée dans l’Égypte
ancienne entre autre au cours du processus de momification.
La principale variété de myrrhe médicinale est issue
de l’arbuste Commiphora myrrha. Étant
très peu soluble dans l’eau, la gomme oléorésineuse est préparée en macération
dans un alcool à haut pourcentage, appelée une teinture, ou distillée pour
extraire les huiles essentielles. La liste des usages qu’en ont fait les
humains depuis autant de milliers d’années est impressionnante. Ceux qui
demeurent importants aujourd’hui font appel aux propriétés antiseptique,
expectorante-stimulante, astringente, mucolytique et amer de la myrrhe.
Elle sert à traiter les infections et inflammations de
la bouche et de la gorge : aphtes et ulcères buccaux, abcès, gingivite,
maux de gorge, pharyngite. Elle entre par ailleurs dans la composition de
dentifrice et de poudre dentaire. Pour le système respiratoire, elle aide à
décoller, liquéfier et éliminer les sécrétions qui obstruent les voies
respiratoires. On l’utilise en cas de rhume, de toux grasse, sinusite.
L’effet antiseptique de la myrrhe s’applique aussi à
la peau. Les soldats de la Grèce antique en avaient toujours avec eux en temps
de guerre et l’utilisaient pour aseptiser les blessures et éviter la gangrène.
Il en est de même aujourd’hui. L’application de myrrhe sur les lésions cutanées
et les plaies désinfecte et accélère la cicatrisation.
Le système digestif bénéficie aussi des propriétés
médicinales de la myrrhe. Ses principes amers favorisent la digestion. Elle est
aussi utilisée pour calmer l’aérophagie et éliminer les flatulences et certains
parasites intestinaux.
Ce sont, en gros, les principaux usages de la myrrhe.
Muqueuses infectées ou mucus compact et obstruant, la myrrhe fait des
merveilles. Et puis aussi, elle est jolie et parfume délicieusement l’air
domestique lorsque brulée sous forme d’encens.
Notez que son usage par voies internes est déconseillé
durant les trois premiers mois de grossesse. Quelques cas d’irritation cutanée
son répertoriés. En usage externe, les personnes ayant une peau très sensible
peuvent donc envisager de diluer la myrrhe pour pouvoir l’utiliser sans risque,
tant en teinture qu’en huile essentielle.
La teinture de myrrhe devrait être prise sur une
période de trois semaines maximum pour les traitements internes des voies
respiratoires et digestives. Pour les problèmes de bouche et de gorge, elle
peut être utilisée directement sur le bobo, ou diluée dans de l’eau et utilisée
en rince-bouche ou en gargarisme. Pour la peau, encore une fois la teinture
peut être mise pure sur l’affection ou diluée et appliquée en liniment. L’huile
essentielle peut elle aussi être ointe directement sur les lésions, même dans
la bouche. On peut également en frictionner quelques gouttes sur la gorge ou
l’abdomen pour calmer l’inflammation.
Voilà! Myrrhe mythique apprivoisée pour soigner nos
blessures. Continuons à en faire bon usage pour des siècles et des siècles!
Annie Rouleau
Herboriste praticienne
annieaire@gmail.com
Références
Medical Herbalism, par David Hoffmann, éditions
Healing Arts Press © 2003
Materia Medica, école Flora Medicina, ©
2000
The Energetics of
Western Herbs,par Peter Holmes, éditions Snow Lotus Press © 1998
Où on peut trouver l'huile de myrrhe ?
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