lundi 14 mars 2016

Extrapolons

Maman?
Hum…
Maman!
Qu’est-ce qu’il y a ma chérie?
J’ai peur!
Peur de quoi?
Je sais pas… j’ai peur!
Viens!

Je me blottis contre elle et me rendors de suite. La peur n’existe plus, je suis protégée.
Quel bien-être!

Le besoin de sécurité, cause sous-jacente de tant de malaises! Parfois si clair, parfois si flou. Souvent mécompris et bizarrement interprété.

Exemple : Vingt-et une heure, il part chez machin pour la fête de truc muche. « Je rentre plus tard ». OK cool, bisous, sois prudent. Je m’éveille au matin, il n’est pas rentré… Hum! J’attends. Treize heures, il arrive enfin! « T’étais où? »  Et la crise commence. Je lui déverse en pleine figure toutes les catastrophes que j’ai imaginé, lui reprochant de m’avoir fait passer la pire nuit de ma vie et bla-bla-bla. Évidemment, il se fâche et disparaît le plus loin possible de cette furie que je suis devenue.

De quoi parle ma réaction? De mon besoin de sécurité. Pour lui : je souhaite que rien ne lui arrive. Pour moi : s’il lui arrivait quelque chose, je me sentirais comme la pire mère de l’univers! J’aurais tellement raté ma job!

C’est caricatural, je sais, mais sachez que j’essaie de reconnaître mon propre besoin avant d’agir ainsi avec mes enfants. En disant ceci, sachez aussi que je cherche, fort peu subtilement d’ailleurs, à combler à nouveau mon besoin de sécurité. « Ils vont penser quoi les gens, si je fais cette mise en situation à la première personne du singulier? » Parfois si clair, parfois si flou, comme je disais.

Je cherche une plante pour compléter mon illustration. Plusieurs seraient appropriées, nombre d’entre elles ayant déjà été sommairement décrites en ces pages, à savoir : la mélisse, la bourrache, les adaptogènes, les toniques nerveux et les plantes qui « recentrent », surtout la bétoine et l’agripaume, selon moi.

Celle qui s’impose ne correspond pas tout à fait à l’image de « la plante qui adresse le besoin de sécurité » à proprement parler. Mais elle s’impose néanmoins. Il s’agit de la lobélie. Lobelia inflata de son nom latin. La lobélie est, je dois le dire, une des plantes grâce auxquelles je suis devenue herboriste!

Mais la lobélie n’est ni anxiolytique ni calmante pour les paquets de nerfs que nous sommes lorsque trop inquiets. La première fonction de cette plante est de calmer toutes les situations de spasmes. Son action est absolument surprenante. Voir un visage tordu de douleur se transformer sous ses yeux en une expression d’infinie reconnaissance doublée d’un air de surprise pur fait partie des plus grands plaisirs de l’herboriste. La lobélie permet de tels moments.

Crises d’asthme, de foie, de panique ou d’angoisse. Crampes abdominales, menstruelles ou musculaires. Appliquer en externe sur la zone spasmée, sur une peau saine parce que la plante pourrait irriter. Prise par voie interne, la lobélie est tout aussi impressionnante. De très petites doses sont souhaitées pour la simple raison que la plante est extrêmement vomitive, avec les pours et les contres d’une telle caractéristique. Si vomir est de mise, la lobélie facilitera le travail, sinon, elle calmera la nausée et favorisera l’évacuation vers le bas. Trois gouttes dans un verre d’eau, une petite gorgée à la fois en gardant un œil sur la réaction du corps. La lobélie peut picoter, gratter la gorge, faire saliver. Diminuer, le cas échéant.
Je me dois, comme d’habitude, de dire qu’une consultation avec votre herboriste devrait être considérée si vous envisagez d’utiliser la lobélie à court, moyen ou long terme.

Nos ancêtres amérindiens l’utilisaient en combinaison avec des plantes spécifiques, lui conférant le pouvoir de guider les autres vers leurs destinations respectives, généralement pour traiter les troubles nerveux, digestifs et respiratoires. J’aime bien cette image quasi maternelle de la plante; celle qui guide et voit à la répartition harmonieuse et efficace des tâches.

Maman?
Hum…
Maman!
Qu’est-ce qu‘il y a ma chérie!
J’ai peur!
Peur de quoi?
Je sais pas… j’ai peur!
Viens!

Je m’allonge à ses côtés. Elle tend la main et prend une petite fiole sur sa table de chevet, en verse quelques gouttes au creux de sa main et m’en badigeonne le plexus. L’effet est instantané : la peur n’existe plus. Quel bien-être!

Annie Rouleau
Herboriste praticienne

Références :
-       Materia medica, Flora Medicina école d'herboristerie, édition novembre 2000
-       The book of herbal Wisdom, par Matthew Wood, Ed. North Atlantic Books, 1997

-       Site web de Henriette’s Herbal Homepage, Henriette Kress, Finlande.

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