lundi 9 octobre 2017

Wonder Woman

Les gens qui choisissent de quitter les villes pour habiter la campagne ont sans doute une volonté de fuir un certain excès de stress, si insistant en milieu urbain. Les sollicitations sont quand même moins intenses en haut d’une butte, avec vue panoramique et petits oiseaux tout le jour durant, qu’au coin St-Laurent et des Pins. Nous choisissons de nous préserver, faisons du yoga, marchons en montagne, respirons un air plus pur et mangeons des légumes qui poussent tout près. Nombreuses sont aussi les personnes qui se créent des moyens d’être moins dépendantes de salaires imposants pour venir à bout de régler tous les frais mensuels. Diminuer les besoins permet de réduire le stress d’avoir à les combler.

Malgré toutes ces techniques et en dépit de nos capacités personnelles à gérer le stress, nous sommes soumis à divers facteurs stressant s’immisçant dans nos vies, sournois ou non, connus ou pas. Moi la première et pourtant, je ne suis pas complètement nulle en la matière mais parfois… L’impatience : faut vraiment que je ponde ce texte et on cogne à ma porte pour une demande ou une autre ; la frustration : j’y arriverai jamais non de non ! Il ne me reste que deux heures pour écrire et on me parle, on me parle et je bouille en dedans ! Alors je vais à mon armoire de plantes et je prends une bouteille, je m’en verse quinze gouttes dans un peu d’eau et je laisse la pression diminuer. Il est clair que la meilleure technique serait de dire que je suis pressée par le temps et de m’excuser poliment à mes interlocuteurs mais bon, j’y arrive pas tout le temps. Mon esprit s’égare parfois du chemin pourtant connu du lâcher-prise.

Revenons sur les quinze gouttes de plante. J’ai besoin de me concentrer, de classer de l’information dans mon cerveau et de retenir ladite info pour éventuellement lui donner la forme d’un article cohérent et, idéalement, digne d’intérêt. Cette plante, c’est le rhodiola. Rhodiola rosea pour être spécifique car il existe beaucoup d’espèces de rhodiola mais la plus intéressante et aussi la plus étudiée est la rosea.

La plante est principalement originaire des régions nordiques, voir circumpolaires d’Asie, d’Europe et d’Amérique ainsi que des hauteurs des Alpes, Pyrénées et montagnes des Carpates. Les anciens de Russie, de Chine et de Scandinavie l’utilisaient abondamment, tout comme nos grands-parents autochtones. Le rhodiola peut quand même pousser par chez nous, préférant un sol sableux sec, des températures froides et du soleil direct. On récolte les racines des plants après un minimum de trois ans d’implantation.

Comme le rhodiola a fait l’objet de nombreuses recherches cliniques et pharmacologiques, sur les animaux et sur les humains, une foule de renseignements expliquent ses actions médicinales2.

Le rhodiola fait partie des plantes adaptogènes. J’ai déjà abordé le sujet dans des textes antérieurs1. Les adaptogènes sont des plantes qui augmentent de façon non-spécifique les résistances de l’organisme au stress. Le rhodiola est un adaptogène refroidissant, par opposition à ceux dit réchauffant comme le ginseng asiatique, ce dernier pouvant être sur-stimulant pour bien des gens. Le rhodiola stimule, donc, mais sans excès. Il augmente la concentration et le spectre d’attention sans exciter ni provoquer de nervosité ou d’insomnie. Il est tout indiqué pour les individus fatigués d’un trop plein de travail ou de stress de vie active. Pour les étudiants en fin de session ou pour les shift de nuit hyper exigeants niveau concentration. Pour les mamans vidées par les grossesses et les années d’allaitement et pour les autres championnes olympiques officielles, bref, pour conserver son titre de Wonder Woman sans se crever à la tâche !

Le rhodiola protège les cellules et les organes des dommages causés par les radiations, les produits chimiques et les métaux lourds. Il prévient et traite l’épuisement immunitaire provoqué par le surmenage ou les traitements médicaux intenses, est bénéfique pour les gens aux nerfs compromis présentant des symptômes « Parkinsoniens » ; tremblements, raideurs musculaires, lenteur des mouvements et autres, il stimule les fonctions reproductrices des hommes et des femmes et il aide à prévenir les dommages cardiaques causés par le stress.

Ça semble toujours incroyable quand on énumère les actions des plantes médicinales, en plus je n’ai fait qu’effleurer celles du rhodiola. Comment se fait-il alors que l’on puisse ne pas être en parfaite santé en tout temps si de telles merveilles poussent sous nos yeux ?! Les guérisons sont multifactorielles comme je le dis souvent. Et puis, au départ, rien ne remplace quelques bonnes nuits de sommeil pour quiconque croule sous la fatigue ! Les miracles ne sont en fait que des gestes posés, conscients ou non.

Annie Rouleau
Herboriste praticienne
annieaire@gmail.com




Adaptogens, Herbs for strenght, stamina and stress relief, par David Winston et Steven Maimes, Healing Arts Press Rochester, Vermont © 2007





mercredi 17 mai 2017

Rein moral

Force de joie
Paix assise
Forêt compacte
Arôme déité
Contre ombres
Veille flamme
L’essence tonique
En corps mieux

Ces mots équivoques, nés de la plume de mon amie Mylou Sauvage, sont comme la plante du jour, le romarin, Rosmarinus officinalis. Plante d’hiver, de situations froides où le corps a du mal à garder ou à fabriquer sa chaleur. Plante de frileux pâlot aux mains et pieds gelés, d’enfant chétif, lunatique. Plante d’aïeule aux doigts noueux et aux genoux douloureux, sujette à l’oubli et aux petites absences de l’instant présent. Il offre à nos âmes nord américaines un souffle de la méditerranée.

Le romarin réduit la fragilité des capillaires, ce qui le rend fort utile pour le soin des varices et pour le soulagement des douleurs causées par les vaisseaux obstrués. Il est traditionnellement utilisé comme tonique cardiaque et pour le traitement de l’hypotension, surtout lorsque ces situations sont liées à des faiblesses, de l’épuisement, des étourdissements et des troubles de concentration.
Comme le Ginkgo biloba, le romarin est un grand allié du cerveau et de ses petits vaisseaux sanguins. Pour la mémoire et la concentration, l’acuité mentale, la vue. Il pousse le sang aux confins du corps humain.
En usage externe, le romarin peut être appliqué en compresse1 sur les reins pour réchauffer, sur les entorses et foulures, les rhumatismes et l’arthrite. Il provoque alors un afflux sanguin à la surface, apportant un extra d’oxygène et facilitant l’élimination des toxines et de l’inflammation.

La plante est très riche en huiles essentielles. On trouve sur le marché principalement trois d’entre-elles, soit celles à plus forte teneur en camphre, en verbénone et en cinéole, chacune ayant ses spécificités.
L’huile essentielle de romarin à camphre est efficace pour les crampes, spasmes, courbatures, douleurs des articulations. Elle agit comme décontractant musculaire.
Celle à verbénone est surtout indiquée pour son effet antiseptique cutané ; acné, peau grasse et petites blessures. Elle stimule aussi le foie et la vésicule biliaire. Ajoutée au shampoing ou utilisé en rince, elle tonifie et assainie le cuir chevelu.
Celle à cinéole, quand à elle, agit davantage sur les troubles respiratoires avec surproduction de mucus au niveau des sinus, bronches et poumons.
Pour les peaux sensibles, il est préférable d’appliquer les huiles essentielles mélangées à un peu d’huile neutre.

Toutes les merveilleuses actions des huiles essentielles extraites se retrouvent dans la plante entière lorsque prise en infusion ou en teinture.
Pour le système digestif, le romarin améliore la sécrétion de la bile et la digestion. Aussi, comme grosso modo toutes les plantes aromatiques et comme les lamiacées en général, il est hyper antibactérien, aidant ainsi au maintient ou au rétablissement d’une saine flore intestinale. Les muqueuses et les flores du corps étant toutes très similaires, le romarin agit donc sur celles de la bouche, du vagin, du système respiratoire, sur la peau.
Pour les infections de la bouche, gencives et dents et pour les maux de gorge, utiliser entre autre en gargarisme.
Pour la grippe, le rhume, la bronchite et autres infections respiratoires, la sinusite, le romarin décongestionne et soulage. En infusion, teinture, inhalation, miel infusé, etc. Comme ces huiles essentielles sont antispasmodiques, il peut aider à soulager les crises d’asthme.
Pour les infections vaginales, bactériennes ou à levure, en douche si vous êtes adeptes, en bain pour les moins ferventes. Préparer une forte infusion ajoutée à l’eau du bain ou dans une bassine pour un soin plus local.
Toujours en bain et pour revenir un peu sur les indications précédemment nommées : basse pression, épuisement, douleurs musculaires et articulaires, pour les maux de tête aussi.

Un autre élément fort important du romarin apporté par d’autres composants phytochimiques présents dans la plante, soit des diterpènes tricycliques nommés acide carnosolique et carnosol - molécules fort jolies quant à leur structure et on ne peut plus médicinales quant à leur action - le romarin fait partie des grands antioxydants du règne végétal. Grace à celles-ci et à d’autres composants phytochimiques, il protège les cellules, notamment celles du foie, du cerveau, des yeux.
À ce titre et suite aux études réalisées à date, le romarin et ses composants peuvent potentiellement entrer dans les protocoles de prévention et de traitement de cancers. Je dis potentiellement parce qu’il est d’usage d’être frileux quant aux allégations, même si nos ancêtres soignaient d’ors et déjà les mêmes maux qu’aujourd’hui avec les mêmes plantes. La compréhension de la santé, de la maladie et de la guérison ne relève que partiellement des avancées scientifiques.

Un moyen agréable pour qui veut prendre du romarin est de le boire en infusion matinale. Comme il est stimulant, il fera office de réveil matin. Pour cette même raison l’infusion prise le soir risque fort de nuire au sommeil.  Autrement, le romarin n’est déconseillé, en usage interne, que durant la grossesse et pour les gens sujet à l’hypertension. Consultez votre herboriste !

Je vous laisse là-dessus.
Cheers !

Annie Rouleau
Herboriste praticienne


1 pour faire des compresses il suffit de préparer une infusion assez forte de plante, i.e. une bonne cuillérée à thé de plante par tasse d’eau infusée 5 à 10 minutes, laisser tiédir puis appliquer sur la zone affectée à l’aide d’une débarbouillette imbibée.

Bouquet garni

On m’a dit, un jour, que la mémoire olfactive est la plus forte de toutes celles que nous possédons. Peut-être est-ce un attribut témoignant de notre généalogie de mammifères. En tout cas si je fouille mes souvenirs, il est indéniable que les odeurs sont des machines à voyager dans le temps plus qu’efficaces. Il va sans dire que les effluves africains furent particulièrement impressionnants pour la petite fille que j’étais et que je suis toujours lorsque je croise un jasmin, un mimosa ou un feu d’acacia. Le soleil équatorial exacerbe tout. Celui de la méditerranée aussi et sa référence est peut-être un peu plus commune. L’odeur de térébenthine des pinèdes, celle quasi métallique des rochers chauds, le parfum suave des lauriers, les bouquets de thym et de romarin qui piquent les yeux tant leurs huiles essentielles sont puissantes.
Si les odeurs ont réellement cette capacité de nous propulser dans nos souvenirs, je trouve qu’il serait intéressant pour l’humanité d’identifier le parfum pourtant si distinctif de la connerie. Peut-être certaines erreurs redondantes pourraient alors être évitées.

Les plantes ne permettent pas d’éluder les méprises, mais elles peuvent certainement en soulager certaines conséquences. Par exemple, je me suis trouvée, l’automne dernier, dans une situation pénible qui a tôt fait de me puer au nez. Résultat : une sinusite carabinée. Ainsi, dans ma potion j’ai versé, entre autre, du thym et du romarin.

Ces deux plantes ont énormément d’affinités avec le corps et quand je dis énormément, c’est pas des blagues. Tous les systèmes y passent. Pour éviter l’éparpillement, je me concentrerai aujourd’hui sur le thym et reviendrai une autre fois sur le romarin.

Le thym a quand même des systèmes de prédilection, soit respiratoire et digestif. C’est un puissant antiseptique ayant un large spectre d’action. Sa haute teneur en huiles essentielles, principalement le thymol et le carvacrol, explique ses propriétés.
Pour le système respiratoire, le thym agit aussi bien en début d’attaque de rhume ou de grippe ; quand les symptômes semblent superficiels et n’atteignent que les sinus et la gorge, ou lorsque l’infection devient plus profonde et affecte les bronches et les poumons. De par ses propriétés expectorantes et calmantes, il soulage extraordinairement bien la toux, tant sèche et sifflante que bien grasse et roulante. Donc du petit rhume à l’asthme ou à la pire « ite » respiratoire : rhinite, laryngite, bronchite ; le thym, seul ou en combinaison avec d’autres plantes spécifiques, fait des merveilles. En plus, on le retrouve presque à coup sur dans la plupart des armoires à épices des cuisines minimalement équipée, ce qui en fait un allié facile d’accès.
On peut l’utiliser en infusion, bue bien chaude ou prise en inhalation : ½ à 1 cuillérée à thé de plante par tasse d’eau. Un sirop peut aussi s’avérer digne d’intérêt: il suffit de préparer une décoction en mijotant à feu doux le thym et l’eau. Les proportions peuvent être semblables à celle de l’infusion. Il est important de ne pas bouillir pour éviter d’évaporer trop agressivement les huiles essentielles. Mijoter donc quelques minutes, filtrer puis continuer à chauffer doucement pour réduire la préparation de moitié ou du ¾. Refroidir et ajouter du miel ou du sirop d’érable à raison de trois parts de décoction réduite pour une part d’agent sucrant. Garder réfrigéré. De multiples variantes peuvent être apportées selon vos besoins et vos goûts.

Au niveau digestif, encore grâce à son extraordinaire capacité antiseptique, le thym sert à maintenir ou à rétablir une saine flore intestinale. Il convient aux situations spasmées, gonflées, ulcérées, parasitées. Il stimule la digestion, calme les crampes et son astringence aide à réduire les diarrhées. Les parasites et les bactéries genre E-Coli 1 ne lui résiste pas. Je ne dis pas que le travail est miraculeux mais, bien entreprit, soigner une parasitose ou une grosse infection bactérienne est à la portée de tous et le thym entrera à coup sur dans le protocole.
On l’utilise aussi en rince-bouche pour maintenir, ou rétablir, la santé des dents et des gencives.

Toujours grâce aux mêmes propriétés, le thym aide à traiter la peau blessée, brulée ou ulcérée, les dermatoses, le muguet, les mycoses. Utiliser les feuilles fraîches, mâchouillées puis appliquées directement sur les bobos, ou préparer une infusion forte à appliquer en compresses ou en bain. Attention à l’huile essentielle ; elle est un peu trop puissante pour être appliquée directement sur la peau, il convient de la diluer dans une généreuse part d’huile neutre.
En fait et pour résumer d’une manière simple et globale, on peut penser au thym pour toute situation infectée, comme base antiseptique, combiné à des plantes spécifiques au problème.

Le thym agit aussi sur d’autres systèmes du corps, actions que je ne pourrai exposer ici, faute de place. J’y reviendrai au prochain numéro dans une mini-monographie du romarin. Les deux plantes, comme je disais précédemment, ont beaucoup d’actions communes, à quelques nuances près.

À suivre, donc, et bon printemps !

Annie Rouleau
Herboriste praticienne



1 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19552781

vendredi 24 février 2017

Le possible

Son corps reposait sur le sol. L’épaisse couche de mousse créait un effet d’apesanteur plutôt agréable, atténuant légèrement la douleur qui grugeait sa poitrine. Sa respiration se mêlait au vent, souffle de terre et d’âme, ondulant à l’unisson entre les brins d’herbe puis revenant à sa source, empli de parfum d’humus et de fleurs. À force de n’être accueillies que d’un simple regard empathique, les pensées s’étaient tues. Le silence de l’instant n’était troublé d’aucune tentative mentale de regret, de désir, de peur, de rage, ni de joie. Le silence, puis le souffle.

Alors le vert l’envahit. Une tige transperça ses entrailles et s’élança vers le ciel, un flot brunâtre s’écoulant à sa base, vase malodorante et visqueuse qui, rapidement, devint d’un noir d’encre parsemé de filaments rouges. La tige se divisa, en deux puis en quatre, cinq, six tiges grouillantes, se débattant, se déployant pour devenir d’immenses bras ossus. Leurs mains entreprirent une fouille complète de ce corps étendu, vulnérable. Les longs doigts s’enfoncèrent dans la chair, extirpant une à une des pierres, grosses et petites aux arêtes acérées. Rapidement, le sol en fut jonché. Puis, les mains se transformèrent en autant de maillets destructeurs, frappant et broyant ces roches maudites qui éclataient en mille morceaux et devenaient aussitôt poussière sèche et volatile.

Dès lors, leurs mouvements devinrent plus gracieux, transformant les bras en plumes, puis en formes humaines. Une petite fille se matérialisa, boudeuse et critique. Elle proféra quelques insultes puis disparut. Un vieillard lui succéda, puis un homme lui ressemblant, souriant. Son regard était doux et aimant, mais il pleurait. Une jeune femme très belle apparut aussi, elle dansait doucement, sensuellement. Son visage se transforma, se ridant très vite, trop vite. Un cri sembla s’échapper de sa bouche, un cri de désespoir insoutenable, puis elle disparut à son tour. Cette ronde de visages et de formes continua longtemps. Son corps gisant les regardait défiler et des larmes coulaient sur ses joues, mais l’abandon était total et aucun geste, aucune tentative de contact ne vint le troubler. Seule d’intenses vagues d’émotions à la vue de ces gens marquants, souvenirs importants de phases de vie, de carrefours, de joies et de peines. Cortège de tranches de vie vomi en fontaine par ce corps malade. Rituel de guérison permettant d’exsuder spontanément ces blocages cristallisés devenus empoisonneurs malicieux.

La terre sorcière continua son travail de métamorphose sur cet être consentant. Un jeune cerf, un loup, une moufette, un hibou, une corneille et un orignal vinrent remplacer les visages. Leurs langages animaux retentirent et tour à tour, ils s’approchèrent et léchèrent les plaies, nettoyant le corps lacéré. Alors les oiseaux s’envolèrent et de leurs ailes ils balayèrent le sol couvert de cendres et de poussières.

Le vert réapparut et de ses entrailles jaillit un souffle de baleine, propulsant jusqu’à la cime des arbres une pluie argentée qui emplit l’espace d’une douce lumière dans laquelle tout disparut. Seul son corps demeura, allongé et immobile.

Lentement, ses paupières s’ouvrirent.

- J’ai la curieuse impression d’émerger d’une douche chaude, ou peut-être d’un bain flottant, furent ses premiers mots.
- Aimerais-tu un peu d’eau ?
- Non, merci.
- J’aime ces méditations, ces visualisations. Elles me transportent en moi, des fois avec douceur, des fois plus violemment. Celle-ci m’a fait les deux effets. J’ai la sensation de parler avec mes cellules, ou de les entendre me dire des choses, m’expliquer leur comportement. C’est fascinant ! Magnifique ! Comme si ma conscience devenait d’une infinie humilité et qu’elle s’assoyait avec mon inconscient pour écouter son histoire, entendre sa sagesse et ainsi, apprendre qui je suis entièrement. J’ai l’impression d’être moi et d’être tout à la fois, la sensation d’embrasser la vie, l’infini, chaque humain, animal, plante, pierre, gaz, élément.
La maladie, qui défie mon être aussi, fait partie de ce tout. Par cette connexion à mon intériorité, je sens que toute la force, toute la paix de la vie m’aide à faire circuler l’énergie que je possède, à l’harmoniser. Merci !
- Merci à toi !
- J’ai vu aujourd’hui des visages troublants de personnes qui ont marqué ma vie. Tu vois, avant, j’aurais eu envie de leur parler, de leur exprimer mes colères, mes peines, de leur faire des reproches, de leur dire à quel point ils ont bousillé ma vie. Plus maintenant. Non. Mon intérieur et moi sommes désormais d’accord pour les remercier de tout cœur d’être les totems qu’ils sont et ont toujours été pour moi !

Son rire résonna dans l’air comme l’écho de toutes les résiliences. Après cette hilarité contagieuse, la nuit était tombée. Je l’aidai à s’allonger. En bordant son corps chaud, je ne pus m’empêcher de constater qu’effectivement, il était différent. Nous sourîmes.
- À demain !
Oui, à demain.

Annie Rouleau
Herboriste praticienne

annieaire@gmail.com