samedi 1 décembre 2012

La bienfaisante exubérance du piment de Cayenne


Peu d’épices connaissent une renommée aussi universelle que le piment de Cayenne. Depuis les neuf mille ans connus de sa culture et de son usage culinaire et médicinal, il est parti de sa terre natale d’Amérique équatoriale et s’est implanté, d’abord dans les pays adjacents, puis en Asie, en Inde et en Afrique, en Europe méridionale et dans nombre de contrées du centre et du nord du globe.

Pour quelque vingt-deux espèces de Cayenne sauvage, cinq sont intensément cultivées de par le monde, dont Capsicum annuum et frutescens. Pour plusieurs, la qualité du Cayenne se mesure par sa cote BTU. Plus celle-ci est élevée, plus le piment est puissant, passant de 1 BTU pour le paprika à 120 BTU pour certains piments africains. Nous sommes en présence de petites fournaises de cinq centimètres de long, rouges, orangées, jaunes ou vertes, oblongues ou rondes, selon l’espèce. La capsaïcine est le constituant chimique faisant l’objet d’études portant sur le Capsicum. Elle est responsable de son goût piquant et de ses vertus thérapeutiques. Le piment est aussi riche en vitamines et en minéraux, entre autres des vitamines Pro-A, C et E, du fer, du calcium et du magnésium. La capsaïcine étant très puissante et potentiellement irritante, il est préférable d’utiliser le fruit entier. Les autres composants contenus dans la chair tempèrent la capsaïcine et permettent de bénéficier pleinement de cette plante merveilleuse.

Le piment de Cayenne stimule et met du mouvement lorsqu’il y a congestion. Il agit principalement sur la circulation sanguine, les troubles des articulations et de la digestion et sur le système respiratoire, mais il ne convient pas à tout le monde. Ajouter une chaleur aussi puissante que celle du Cayenne sur un organisme déjà chaud, irrité ou en inflammation risque fort de faire sauter le couvercle de la casserole! Le « fruit du feu », dixit Flora Medicina, sert les frileux frissonnants, atones, aux extrémités froides et à la digestion lente.

L’indication la plus reconnue du Capsicum est en usage externe sur les articulations endolories par l’arthrite et l’arthrose, les bursites, tendinites et douleurs musculaires. Il est aussi utilisé pour les douleurs névralgiques provoquées par les éruptions herpétiques, le zona, les chirurgies, les maux de dents. C’est que la capsaïcine inhibe la substance P, un neurotransmetteur responsable du transport des signaux de douleurs des nerfs jusqu’au cerveau. L’effet antidouleur est appuyé par l’action qu’à cette même capsaïcine sur le sang : elle stimule la circulation, entrainant un apport accru de sang et d’oxygène juste sous la peau, favorisant ainsi l’élimination des toxines et de la congestion qui provoquent la douleur. Il existe des crèmes et onguents vendus en commerce, soit naturels, soit pharmaceutiques, applicables sur les zones endolories. Il est aussi possible d’appliquer un concentré liquide, ou teinture, sur la peau, à condition qu’elle soit exempte de lésions cutanées auquel cas, le Cayenne pourrait-être irritant. Sur une peau saine par contre, l’effet est assez impressionnant. La sensation de brulure est normale et de courte durée. Elle ne devrait être inquiétante que si elle perdure et que des rougeurs apparaissent. Il est aussi important de bien laver les mains à l’eau savonneuse après application de Cayenne ou de produits dérivés. Tout contact avec les yeux ou les muqueuses délicates du corps provoque à coup sûr une mémorable brûlure.

Si le Cayenne amène le sang à la surface, il favorise aussi la circulation globale et surtout celle menant aux extrémités du corps. Il stimule la dilatation des vaisseaux sanguins et augmente le flux circulatoire, sans pour autant accroître les battements cardiaques. Il nourrit les vaisseaux par son apport en minéraux et permet de les garder souples et intègres. Le Capsicum est aussi antioxydant. On sait que le cholestérol oxydé se dépose dans les artères et forme des plaques d’athérome dangereux. Or une plante qui stimule la circulation, garde le sang fluide et contrôle l’oxydation lipidique devient une alliée de choix pour les personnes aux prises avec des troubles sanguins et circulatoires. Il demeure essentiel de se référer à son praticien de la santé avant d’entreprendre quelque traitement que ce soit en lien avec des troubles graves. L’automédication ne devrait être pratiquée que par des personnes aguerries.


Côté digestion, même topo : le Cayenne stimule, facilite la digestion et permet une meilleure assimilation. Il est aussi bactéricide et antiparasitaire. Pas étonnant qu’il soit aussi abondamment répandu dans les pays chauds, là où les intrus alimentaires prolifèrent plus allégrement qu’ailleurs.

La liste des applications possibles du piment de Cayenne est bien plus exhaustive que celle présentée ici. Disons que les mots qui synthétisent le mieux les effets du Cayenne sont : c’est froid et congestionné. L’extrapolation est permise. Il est aussi important de considérer les possibles interactions médicamenteuses; le Capsicum augmente l’absorption de certains médicaments. Garder l’œil ouvert, donc, si vous prenez des médicaments et souhaitez incorporer le Cayenne. Éviter le aussi en cas d’ulcère d’estomac, de reflux gastriques, d’hémorroïdes, de colon irritable et durant la grossesse et l’allaitement.

Annie Rouleau
Herboriste praticienne
annieaire@gmail.com

mardi 17 juillet 2012

Rose


Reine des fleurs. Emblème de toutes les déesses de l’amour et de la beauté, symbole de paix mais aussi de puissance et de mysticisme. La rose est la plus cultivée de toutes les fleurs. Elle est aussi la plus souvent peinte, sculptée, décrite en mille et un vers tristes ou heureux, utilisée pour demander la main de l’être aimé, dire pardon ou je t’aime, faire étalage de sa galanterie ou de sa passion, bref, elle n’est pas anodine. La rose est dramatiquement belle !
Mais celle dont il sera question ici est, comme dirait Maurice Mességué, « la version champêtre de la reine des fleurs », soit l’églantine. C’est la grand-mère sauvage du rosier ornemental. Rosa canina est la variété la plus utilisée pour ses qualités médicinales mais les autres sont à peu près interchangeables, comme Rosa eglanteria, Rosa blanda et rugosa.
En mon sens, l’églantier est une bénédiction. Il est des choses si poétiques, comme un bord de grève peuplé de ses fleurs si douces, qui ne peuvent que faire du bien à l’âme et une âme en paix peux soutenir un corps qui souffre. Cela dit, les vertus médicinales de la rose sauvage sont réelles et mesurables.
De la plante sont utilisées plusieurs parties. Les pétales, les feuilles, les baies, appelées cynorrhodon, composées d’une chair rouge orangé entourant le fruit, un akène contenant la graine et, une néoformation, le bédégar. Ce dernier ressemble à la chevelure hirsute d’un gnome. Il s’agit d’une galle provoquée par les œufs qu’un voisin de l’abeille, le cynips de l’églantier, pond dans la tige de l’arbuste.
Tous ces organes sont riches en composés biochimiques médicinaux, des tannins notamment. Le cynorrhodon contient une impressionnante quantité de vitamine C en plus d’autres vitamines (provitamine A et groupe B surtout) et minéraux, des tannins et des flavonoïdes. La graine contient aussi certains acides gras importants. Elle est cependant entourée de poils irritants qu’il convient de retirer avant usage. Ils ont donné à l’églantier son nom commun de « gratte-cul »… le poil à gratter ne se trouve pas que dans les boutiques de farces et attrapes !


Nombreux sont les peuples de l’hémisphère nord qui ont su bénéficier des qualités de l’églantier. En périodes de disette, lorsque les sources de vitamine C venaient à manquer, la culture de la plante fut mainte fois encouragée. Les peuples nordiques mélangeaient la chair de cynorrhodon à de la viande séchée, de la graisse animale et d’autres fruits secs pour en faire une pitance riche pour hivers rigoureux. Encore aujourd’hui, les baies d’églantiers sont transformées en confiture, en gelée, en sirop ou en soupe. Les boutons floraux et les pétales matures peuvent aussi entrer dans ces préparations. Ces mêmes compositions ne sont cependant pas exclusivement nutritives, elles sont aussi médicinales. Les tannins et flavonoïdes contenus dans la chair des baies sont antioxydants, anti-inflammatoires, astringents. Ce qui fait du cynorrhodon un grand allié des soins de troubles digestifs : diarrhée, coliques, indigestion ; Troubles de la peau : brûlures, irritations ; Problèmes locomoteurs : douleurs arthritiques, rhumatismes ; Affections respiratoires : grippe, écoulement nasal, maux de gorge. On sait que la vitamine C aide à combattre l’infection. Elle est ici couplée aux tannins et flavonoïdes pour soulager les muqueuses irritées et favoriser l’intégrité cellulaire.

Le bédégar est, quant à lui, principalement astringent. Il est donc surtout utilisé pour les troubles digestifs, respiratoires et cutanés. Il est aussi traditionnellement utilisé comme diurétique. Il aider à soulager les calculs urinaires. Les graines d’églantier aussi.
Certaines études ont été conduites, mais peu sont scientifiquement reconnues, faute d’être suffisamment étoffées. Encore une fois, l’empirisme de certains savoirs sait tout de même confondre le septique !


Pour usage médicinal, les sirops peuvent faire l’affaire mais il est préférable de privilégier les préparations concentrées soit les décoctions dans le cas des baies et des graines, l’infusion dans le cas des feuilles, pétales, boutons d’églantines et bédégar. Dans tous les cas, on utilise une ou deux cuillérée à thé de plante par tasse d’eau. Infuser une trentaine de minutes ou mijoter vingt-cinq minutes les parties plus coriaces. Une décoction de cynorrhodon refroidie et délicatement sucrée fait des merveilles par temps chaud ! Une purée de chair de cynorrhodon conservera mieux les vitamines du fruit. Il est alors préférable de ne pas chauffer du tout. Simplement retirer les akènes et tous les poils pouvant subsister, bien écraser ou broyer au robot. Sa durée de vie sera par contre assez limitée. Garder au frigo ou congeler en petites portions. Mélanger à du yaourt ou tout autre aliment de votre choix.

Récolte et séchage maintenant ! Cueillir les feuilles avant la floraison et, lorsqu’ils sont parfaitement prêts, les boutons et les pétales. Le séchage est assez facile à réaliser pour autant que les conditions de base soient respectées ; endroit sec, sombre et bien aéré, quelques jours suffiront. Les cynorrhodons demandent un peu plus de travail. Ils doivent être récoltés en fin d’automne, après les premières gelées. Celles-ci stimuleront la sucrosité du fruit et attendriront la chair. Ils peuvent être séchés tel quel mais devront alors être bien tamisés lorsqu’infusés, faute de quoi les poils entourant les graines risqueraient de causer de l’irritation. Pour éviter cet inconvénient, il suffit d’égrainer les baies, bien nettoyer les graines et de les sécher séparément. Le bédégar peut être récolté à l’automne. Le couper en deux et le vider des nymphes et autres insectes qu’il abrite avant de le sécher.

À la reine des fleurs sauvages …
Santé !

Annie Rouleau
Herboriste-praticienne








Références : 
A systematic review on the Rosa canina effect and efficacy profiles, par Chrubasik C, Roufogalis BD, Müller-Ladner U, Chrubasik S. Source : Department of Forensic Medicine, University of Freiburg, Albertstr. 9, 79104 Freiburg, Germany
Mon herbier de santé, par Maurice Mésségué, © Éditions Robert Laffont 1975
Pharmacognosie, par Jean Bruneton, © Édition Tec & Doc 1999 et Éditions Médicales Internationales

mercredi 6 juin 2012

Points de myrrhe


Voici une bien curieuse caractéristique que celle de l’ubiquité! Aux mains de certains hommes, car les femmes semblent moins enclines à posséder ce genre de dons, elle n’est que synonyme de pouvoir. De « Big Brother is watching you! » à la UID, ou Ubiquitus ID, que je ne prétend aucunement comprendre mais qui me parait terrifiante, les quelques réussites humaines à maitriser l’ubiquité ne sont pas très « humanistes ». L’immortalité me parait plus poétique. Survivre aux âges, être de toutes les époques, voilà, ce me semble, un phantasme de science fiction plus attirant que celui d’être partout à la fois!

La pharmacopée médicinale est remplie de plantes ayant traversé le temps. Des plantes que l’humain utilise depuis des milliers d’années et qui, sans aujourd’hui faire partie des codex officiels, sont néanmoins fort efficaces. La myrrhe en est une. Cette gomme oléorésineuse exsude du tronc des arbustes du genre Commiphora. Durant la floraison ou pour parer une blessure, l’arbre sécrète spontanément de petites larmes de myrrhe. La récolte se fait aussi en entaillant le tronc pour provoquer la production. Il fut un temps où la myrrhe valait autant et même davantage que l’or. Ainsi durant plusieurs siècles, les contrées marchandes s’enrichirent allègrement. Originaire du nord-est de l’Afrique et de la péninsule arabique, la myrrhe est utilisée depuis des temps immémoriaux, tant pour ses vertus médicinales que pour des usages rituels. Il est dit que la myrrhe fut l’un des trois cadeaux offerts par les Rois Mages à l’ubiquiste le plus connu; Jésus. Mais son utilisation date de bien avant l’ère chrétienne. Le plus ancien écrit relatant son usage est le papyrus Ebers rédigé possiblement au seizième siècle avant notre ère. Ce document fait partie des plus anciens textes médicaux auxquels nous pouvons nous référer. La myrrhe était utilisée dans l’Égypte ancienne entre autre au cours du processus de momification.

La principale variété de myrrhe médicinale est issue de l’arbuste Commiphora myrrha. Étant très peu soluble dans l’eau, la gomme oléorésineuse est préparée en macération dans un alcool à haut pourcentage, appelée une teinture, ou distillée pour extraire les huiles essentielles. La liste des usages qu’en ont fait les humains depuis autant de milliers d’années est impressionnante. Ceux qui demeurent importants aujourd’hui font appel aux propriétés antiseptique, expectorante-stimulante, astringente, mucolytique et amer de la myrrhe.
Elle sert à traiter les infections et inflammations de la bouche et de la gorge : aphtes et ulcères buccaux, abcès, gingivite, maux de gorge, pharyngite. Elle entre par ailleurs dans la composition de dentifrice et de poudre dentaire. Pour le système respiratoire, elle aide à décoller, liquéfier et éliminer les sécrétions qui obstruent les voies respiratoires. On l’utilise en cas de rhume, de toux grasse, sinusite.
L’effet antiseptique de la myrrhe s’applique aussi à la peau. Les soldats de la Grèce antique en avaient toujours avec eux en temps de guerre et l’utilisaient pour aseptiser les blessures et éviter la gangrène. Il en est de même aujourd’hui. L’application de myrrhe sur les lésions cutanées et les plaies désinfecte et accélère la cicatrisation.
Le système digestif bénéficie aussi des propriétés médicinales de la myrrhe. Ses principes amers favorisent la digestion. Elle est aussi utilisée pour calmer l’aérophagie et éliminer les flatulences et certains parasites intestinaux.
Ce sont, en gros, les principaux usages de la myrrhe. Muqueuses infectées ou mucus compact et obstruant, la myrrhe fait des merveilles. Et puis aussi, elle est jolie et parfume délicieusement l’air domestique lorsque brulée sous forme d’encens.

Notez que son usage par voies internes est déconseillé durant les trois premiers mois de grossesse. Quelques cas d’irritation cutanée son répertoriés. En usage externe, les personnes ayant une peau très sensible peuvent donc envisager de diluer la myrrhe pour pouvoir l’utiliser sans risque, tant en teinture qu’en huile essentielle.

La teinture de myrrhe devrait être prise sur une période de trois semaines maximum pour les traitements internes des voies respiratoires et digestives. Pour les problèmes de bouche et de gorge, elle peut être utilisée directement sur le bobo, ou diluée dans de l’eau et utilisée en rince-bouche ou en gargarisme. Pour la peau, encore une fois la teinture peut être mise pure sur l’affection ou diluée et appliquée en liniment. L’huile essentielle peut elle aussi être ointe directement sur les lésions, même dans la bouche. On peut également en frictionner quelques gouttes sur la gorge ou l’abdomen pour calmer l’inflammation.

Voilà! Myrrhe mythique apprivoisée pour soigner nos blessures. Continuons à en faire bon usage pour des siècles et des siècles!

Annie Rouleau
Herboriste praticienne
annieaire@gmail.com

Références
Medical Herbalism, par David Hoffmann, éditions Healing Arts Press © 2003
Materia Medica, école Flora Medicina, © 2000
The Energetics of Western Herbs,par Peter Holmes, éditions Snow Lotus Press © 1998

vendredi 16 mars 2012

Agripaume cardiaque


Utiliser les plantes médicinales pour aider sa santé demande souvent beaucoup de patience. Particulièrement pour des troubles graves ou chroniques, plusieurs semaines sont en général nécessaires avant de constater les réels bienfaits des plantes. Rétablir l’équilibre physique ne se fait pas en un clin d ‘œil! Paradoxalement, certaines plantes agissent extrêmement rapidement. Soigner un gros rhume en moins de deux jours est tout à fait envisageable. Calmer une crise d’angoisse instantanément est aussi possible grâce à certaine plantes. L’une d’elles agit particulièrement vite et bien. L’agripaume. Leonorus cardiaca de son nom latin, Motherwort en anglais.

L’agripaume est une plante de rythme, de régularité des rythmes. Sa physionomie illustre bien son action médicinale; tout au long de ses longues tiges raides se posent les feuilles, à intervalles réguliers, aux aisselles desquelles sont lovés les épis de fleurs. Cette régularité physique, l’agripaume la transmet au corps humain.
Pour le système nerveux, la plante calme et apaise. Elle peut être utilisée dans à peu près n’importe quelle situation troublante et éprouvante. C’est une plante à donner aux quinze minutes à toute personne en état de choc, en crise de panique ou d’angoisse. L’agripaume permettra de revenir à la réalité. Elle est aussi utilisée comme tonique nerveux pour les déprimés, les endeuillés, les incertains.

Son impact sur les rythmes du corps sert aussi le cœur et son système. On l’utilise en cas de palpitations et de tachycardie, surtout lorsque celles-ci sont accompagnées d’angoisse. Elle aidera le cœur à se contracter efficacement, de manière régulière et uniforme. L’agripaume entre de façon tout à fait légitime dans des mélanges servant à soutenir les personnes souffrant d’insuffisance cardiaque ou ayant subit un infarctus.
Dans le même ordre d’idée, on utilise l’agripaume en cas d’hyperthyroïdie. Elle ne traitera pas la pathologie mais soulagera les envolées cardiaques que provoque la maladie.

Les autres indications de cette merveilleuse plante concernent le système reproducteur féminin. L’utérus étant, comme le cœur, un muscle lisse contractile, l’impact régularisant de l’agripaume est bénéfique tout au long du cycle de fertilité des femmes. L’agripaume sert celles aux prises avec des menstruations douloureuses, un SPM trop intense ou une irrégularité du cycle. La plante est aussi excellente en fin de grossesse, puis durant et après l’accouchement, tonifiant l’utérus et l’aidant à se contracter doucement, mais efficacement et à reprendre sa forme après les tranchées.

Originaire d’Eurasie, l’agripaume fut naturalisée à l’ouest au douzième siècle. Elle est maintenant commune en Europe et en Amérique du nord. Elle pousse en colonies, souvent près des vieilles granges et écuries. Comme la plupart des plantes de la famille des menthes, à qui elle appartient, l’agripaume peut facilement devenir envahissante.

L’histoire de l’utilisation de l’agripaume pour ses vertus médicinales remonte à la Grèce antique. Comme beaucoup d’autres plantes médicinales utilisées jadis, son statut thérapeutique a été menacé il y a une quelques centaines d’années par les tournants qu’a pris la médecine. L’engouement pour les substances médicinales plus agressives et la mise en désuétude des formes de médecine traditionnelle, celle des sages-femmes surtout, ont bien faillit avoir raison de l’usage cette plante. Aujourd’hui, l’agripaume est à nouveau reconnue, respectée, étudiée et utilisée. Merci aux porteurs de traditions d’avoir su préserver les connaissances ancestrales, de même qu’aux chercheurs russes et chinois d’en avoir vérifier plusieurs!

Pour la posologie, en cas de crise de panique ou autre, prendre de 7 à 15 gouttes de teinture sous la langue et répéter aux quinze minutes jusqu’à apaisement significatif. Durant l’accouchement, prendre de 15 à 25 gouttes, toujours de teinture, chaque demi-heure jusqu’à la fin du travail, puis 30 gouttes chaque heure jusqu’à ce que la matrice ait repris une forme à peu près normale. Le médecin ou la sage-femme est en mesure de déterminer cela. Il est possible de remplacer la teinture par une infusion. On infusera alors une cuillérée à thé de plante sèche par tasse d’eau. Une tasse de tisane équivaut à environ 10 ou 15 gouttes de teinture. La quantité de liquide alors ingérée sera peut-être une raison qui portera l’usager à opter pour la teinture!
Pour qui souhaite utiliser l’agripaume pour ses actions plus tonique, sur une longue période de temps, de 30 à 60 gouttes matin et soir sont alors suggérés.
Une seule mise en garde : Comme l’agripaume stimule les contractions utérines, il est déconseillé de la prendre durant les six premiers mois de grossesse. Autrement, elle est sans danger.

Santé!   

mardi 7 février 2012

Perspective

« La maladie peut servir de plateforme sur laquelle l’être peut monter et s’offrir une perspective nouvelle pour déterminer et visualiser ce qu’il désire pour la suite »
James Green, A perspective on medecine (traduction libre)


Qu’est-ce que la maladie?
Un dérèglement.
Mais, de quoi?

De fonctions cellulaires? Vu au microscope, certainement. Mais à l’œil nu, ou comme dirait un certain chanteur; « avec les yeux du cœur », la maladie est un dérèglement d’un tout autre ordre. Les théories psychosomatiques sont assez nombreuses et diversifiées. Du Dr. Hamer à Michel Oboul, en passant par Le grand dictionnaire des malaises et des maladies, Le sens des maux et de nombreux autres ouvrages, le commun des mortels est à même de faire un chemin de lectures permettant parfois de vraiment identifier la source d’un malaise. Mais si ces théories sont vraies, comment se fait-il que l’on meurt quand même de maladies? Pourquoi, sachant mon rhume directement lié à une situation vécue au boulot, est-ce que je tousse encore après deux semaines de calvaire?
L’herboriste états-unien James Green, dans un texte fort inspiré et inspirant, apporte des pistes de réflexion dignes d’intérêt : l’humain est un tout, et il demeure entier peu importe l’expérience vécue. Chaque personne est un flot d’énergie, comme un ruisseau, et celle-ci circule librement. Lorsque les pensées, désirs et actions sont en harmonie, tout va bien et vogue le navire. Par contre, lorsqu’une résistance s’implante, pour x ou y raisons, le flot est troublé et alors peuvent s’installer malaises et maladies. Mais l’intégrité demeure! La possibilité de bien-être n’est aucunement altérée par la résistance. « L’être humain n’est ni fragilisé, ni fragmenté par ses expériences de vie. Il n’est jamais moins que parfaitement entier, peu importe l’importance de son expérience de malaise. Au fil du voyage d’être dans l’infinie variété d’expériences qu’est sa vie, sa vraie nature circule, à jamais indivisible. La liberté, la joie, la santé, la vitalité, l’enthousiasme, la prospérité, la créativité et l’évolution sont les composantes fondamentales de chaque individu. Ces composantes, même lorsque résistance il y a, ne sont pas éliminées par une ponctuelle expérience du manque de l’une d’entres elles. » James Green, A perspective on medecine (traduction libre)

Identifier la source du blocage permet de se situer dans le ruisseau au présent. Si le cours d’eau est obstrué par un gros rocher, il est inutile d’essayer de le déplacer. Par contre, il est possible de grimper dessus pour voir par où va le cours d’eau et ce qui pourrait aider son débit et sa fluidité.
Lorsqu’une personne arrive à constater l’existence d’une expérience causant un malaise, elle peut, en toute humilité et honnêteté, déterminer si celle-ci la sert toujours et sinon, choisir dès lors, ce qu’elle souhaite expérimenter. Ici, les pensées, désirs et projets trouvent toute leur importance. L’élément créatif est primordial : créer le cadre souhaité, l’expérience de bien-être retrouvé. Se voir bien, se savoir bien. Écouter ce que sa nature profonde dit et choisir.
Facile à dire! Oui. Mais pourquoi pas?
Revenons sur le fait que l’être est un tout que les expériences n’altèrent pas, peu importe leur nature. C’est l’âme, l’être profond, ce machin étrange que l’on sait être, mais qui est si difficile à expliquer à un gamin qui demande : maman, qu'est-ce qui arrive après la mort?
Mais qu’est ce qu’on en fait durant la vie? Le plus simplement possible : on l’utilise, on l’écoute, on le chérit! Négliger le guide risque fort de mener la balade vers l’égarement.
Et comment on fait? L’honnêteté, la compassion, l’acceptation.
C’est simple, j’en conviens, mais avouons tout de même l’ingéniosité intrinsèque qui se cache là-dessous! Et puis, comme je dis souvent, je ne suis pas philosophe, je suis une sorcière de village...

Annie Rouleau
Herboriste praticienne


Références:

The herbal medecine-maker’s handbook, par James Green, The Crossing Press, © 2000
Le grand dictionnaire des malaises et des maladies, par Jacques Martel, Les éditions ATMA internationales, © 1998
Décodage biologique des maladies, par Christian Flèche, éditions Le souffle d’or, © 2001
Excuse me your life is waiting, par Lynn Grabhorn, Hampton Roads Publishing Company inc. © 2000
Le sens des maux, par Bernard Tihon, Néosanté, © 2011