mercredi 16 mars 2011

Aubépine

Le printemps est presque là. La nuit fait place à la lumière. Les grains sont choisis. Le temps des semences approche. Incessamment, les premières fleurs perceront les vestiges de l’hiver. Les bourgeons écloront.
La vie se perpétue, se reproduit.
Hymne à la fécondité.

Un petit arbre fleurira bientôt. Ses feuilles, ses fleurs et ses fruits servent à soulager les cœurs malades, les cœurs trop tristes, les cœurs brisés. C’est l’aubépine. Petit arbre sacré, chéri des Païens anciens, repris depuis comme symbole de Marie, mère du Christ couronné de ses épines acérées.

Par les herboristes, l’aubépine, Crataegus oxyacantha et autres variétés sauvages, est considérée comme un pur tonique cardiaque. Les composés biochimiques les plus actifs de la plante interfèrent avec certaines enzymes, de même qu’avec quelques sites récepteurs cellulaires jouant un rôle important dans l’activité cardiaque.
L’aubépine est utilisée en prévention et en traitement d’insuffisance cardiaque congestive classes I et II, d’hypertension, d’angine, d’arythmie, d’inflammation cardiaque ou des vaisseaux sanguins, de mauvaise circulation dans les membres et dans l’artère coronaire, de dégénérescence cardiaque, d’athéro et d’artériosclérose. Il est aussi d’usage d’utiliser l’aubépine pour reconstruire le cœur suite à un infarctus. L’aubépine favorise la dilatation des vaisseaux sanguins, particulièrement de l’artère coronaire, augmentant ainsi l’apport sanguin au muscle cardiaque. Ainsi nourri, un cœur fragile pourra plus facilement faire son travail et se reconstruire.
La plante est aussi diurétique, aspect non négligeable pour le traitement de troubles cardio-vasculaires.
L’aubépine agit sur le cœur physique, mais aussi sur celui, plus subtile, que les orientaux nomment le chakra du cœur. L’application que nous faisons de cet aspect est d’utiliser la plante en cas d’anxiété et d’agitation, souvent accompagné de palpitations. Pour l’insomnie aussi. Elle est calmante pour les gens nerveux et fébriles.

Un nombre impressionnant d’études cliniques corroborent globalement les usages traditionnels de l’aubépine, sans toutefois lui accorder l’importance thérapeutique que lui portent les naturothérapeutes. À tout le moins, son innocuité, elle, est officiellement reconnue, ce qui fait qu’il est relativement facile de se procurer en magasin des préparations d’aubépine. Dans la pratique traditionnelle de l’herboristerie, l’usage des plantes entières est privilégié, par opposition à l’emploi d’extraits standardisés de certains des composants chimiques desdites plantes, lesquels sont utilisés dans les études cliniques. Les chercheurs reconnaissent toutefois qu’il est probable que l’entièreté des composants chimiques de la plante agisse en synergie. D’où l’intérêt de l’utiliser entière.

Selon l’herboriste états-unien Peter Holmes, le manque de reconnaissance des qualités de l’aubépine repose entre autre sur le fait qu’elle agit subtilement, doucement, quoique très efficacement. Or depuis la Renaissance, les médicaments à action rapide et davantage radicale sont privilégiés. L’aubépine est une plante « féminine », emblème de beauté et d’harmonie, elle n’a donc pas d’emblée une place de choix dans une médecine puissamment « masculine ».


Outre un spéculatif potentiel d’interaction avec la digitaline, l’aubépine ne présente aucune toxicité. Elle peut donc être prise sur de très longues périodes de temps par des personnes très faibles ou âgées. Il convient de prendre l’aubépine pour un minimum de huit semaines. Elle agit lentement et doucement mais, une fois enclenchés, ses effets sont durables.

Il existe sur le marché des teintures de fleurs, feuilles et baies d’aubépine. Ces macérations dans l’alcool se prennent à raison de 20 ou 30 gouttes, deux fois par jour en prévention et de 30 à 50 gouttes en traitement. Il est aussi possible de se procurer de l’aubépine séchée. Les baies doivent mijoter de trente minutes à une heure avant d’être filtrées. De deux à quatre tasses sont suggérées quotidiennement. Les fleurs et les feuilles n’ont pas besoin de bouillir, les laisser simplement infuser dans l’eau bouillie pour une trentaine de minutes. Même quantité quotidienne que les baies. Il est possible de mélanger la décoction de baies à l’infusion de fleurs. Il suffit de mettre les fleurs à infuser dans la décoction de baies filtrée. Une cuillérée à soupe de plante séchée par tasse d’eau, toutes parties confondues. Voilà!

 
Il est primordial, pour toute personne souffrant de troubles cardio-vasculaires, d’être vigilante face à son état. L’automédication ne peut se faire qui si elle est accompagnée d’une parfaite connaissance des paramètres en cause. Il est préférable de consulter un professionnel de la santé afin d’évaluer correctement la situation. Notez qu’il est tout à fait possible de combiner les médicaments de synthèse à des préparations d’aubépine. Il arrive que certains médecins et pharmaciens soient ouverts à cette possibilité. Autrement, il y a certainement un ou une herboriste près de chez-vous! Renseignez-vous.