mardi 17 juillet 2012

Rose


Reine des fleurs. Emblème de toutes les déesses de l’amour et de la beauté, symbole de paix mais aussi de puissance et de mysticisme. La rose est la plus cultivée de toutes les fleurs. Elle est aussi la plus souvent peinte, sculptée, décrite en mille et un vers tristes ou heureux, utilisée pour demander la main de l’être aimé, dire pardon ou je t’aime, faire étalage de sa galanterie ou de sa passion, bref, elle n’est pas anodine. La rose est dramatiquement belle !
Mais celle dont il sera question ici est, comme dirait Maurice Mességué, « la version champêtre de la reine des fleurs », soit l’églantine. C’est la grand-mère sauvage du rosier ornemental. Rosa canina est la variété la plus utilisée pour ses qualités médicinales mais les autres sont à peu près interchangeables, comme Rosa eglanteria, Rosa blanda et rugosa.
En mon sens, l’églantier est une bénédiction. Il est des choses si poétiques, comme un bord de grève peuplé de ses fleurs si douces, qui ne peuvent que faire du bien à l’âme et une âme en paix peux soutenir un corps qui souffre. Cela dit, les vertus médicinales de la rose sauvage sont réelles et mesurables.
De la plante sont utilisées plusieurs parties. Les pétales, les feuilles, les baies, appelées cynorrhodon, composées d’une chair rouge orangé entourant le fruit, un akène contenant la graine et, une néoformation, le bédégar. Ce dernier ressemble à la chevelure hirsute d’un gnome. Il s’agit d’une galle provoquée par les œufs qu’un voisin de l’abeille, le cynips de l’églantier, pond dans la tige de l’arbuste.
Tous ces organes sont riches en composés biochimiques médicinaux, des tannins notamment. Le cynorrhodon contient une impressionnante quantité de vitamine C en plus d’autres vitamines (provitamine A et groupe B surtout) et minéraux, des tannins et des flavonoïdes. La graine contient aussi certains acides gras importants. Elle est cependant entourée de poils irritants qu’il convient de retirer avant usage. Ils ont donné à l’églantier son nom commun de « gratte-cul »… le poil à gratter ne se trouve pas que dans les boutiques de farces et attrapes !


Nombreux sont les peuples de l’hémisphère nord qui ont su bénéficier des qualités de l’églantier. En périodes de disette, lorsque les sources de vitamine C venaient à manquer, la culture de la plante fut mainte fois encouragée. Les peuples nordiques mélangeaient la chair de cynorrhodon à de la viande séchée, de la graisse animale et d’autres fruits secs pour en faire une pitance riche pour hivers rigoureux. Encore aujourd’hui, les baies d’églantiers sont transformées en confiture, en gelée, en sirop ou en soupe. Les boutons floraux et les pétales matures peuvent aussi entrer dans ces préparations. Ces mêmes compositions ne sont cependant pas exclusivement nutritives, elles sont aussi médicinales. Les tannins et flavonoïdes contenus dans la chair des baies sont antioxydants, anti-inflammatoires, astringents. Ce qui fait du cynorrhodon un grand allié des soins de troubles digestifs : diarrhée, coliques, indigestion ; Troubles de la peau : brûlures, irritations ; Problèmes locomoteurs : douleurs arthritiques, rhumatismes ; Affections respiratoires : grippe, écoulement nasal, maux de gorge. On sait que la vitamine C aide à combattre l’infection. Elle est ici couplée aux tannins et flavonoïdes pour soulager les muqueuses irritées et favoriser l’intégrité cellulaire.

Le bédégar est, quant à lui, principalement astringent. Il est donc surtout utilisé pour les troubles digestifs, respiratoires et cutanés. Il est aussi traditionnellement utilisé comme diurétique. Il aider à soulager les calculs urinaires. Les graines d’églantier aussi.
Certaines études ont été conduites, mais peu sont scientifiquement reconnues, faute d’être suffisamment étoffées. Encore une fois, l’empirisme de certains savoirs sait tout de même confondre le septique !


Pour usage médicinal, les sirops peuvent faire l’affaire mais il est préférable de privilégier les préparations concentrées soit les décoctions dans le cas des baies et des graines, l’infusion dans le cas des feuilles, pétales, boutons d’églantines et bédégar. Dans tous les cas, on utilise une ou deux cuillérée à thé de plante par tasse d’eau. Infuser une trentaine de minutes ou mijoter vingt-cinq minutes les parties plus coriaces. Une décoction de cynorrhodon refroidie et délicatement sucrée fait des merveilles par temps chaud ! Une purée de chair de cynorrhodon conservera mieux les vitamines du fruit. Il est alors préférable de ne pas chauffer du tout. Simplement retirer les akènes et tous les poils pouvant subsister, bien écraser ou broyer au robot. Sa durée de vie sera par contre assez limitée. Garder au frigo ou congeler en petites portions. Mélanger à du yaourt ou tout autre aliment de votre choix.

Récolte et séchage maintenant ! Cueillir les feuilles avant la floraison et, lorsqu’ils sont parfaitement prêts, les boutons et les pétales. Le séchage est assez facile à réaliser pour autant que les conditions de base soient respectées ; endroit sec, sombre et bien aéré, quelques jours suffiront. Les cynorrhodons demandent un peu plus de travail. Ils doivent être récoltés en fin d’automne, après les premières gelées. Celles-ci stimuleront la sucrosité du fruit et attendriront la chair. Ils peuvent être séchés tel quel mais devront alors être bien tamisés lorsqu’infusés, faute de quoi les poils entourant les graines risqueraient de causer de l’irritation. Pour éviter cet inconvénient, il suffit d’égrainer les baies, bien nettoyer les graines et de les sécher séparément. Le bédégar peut être récolté à l’automne. Le couper en deux et le vider des nymphes et autres insectes qu’il abrite avant de le sécher.

À la reine des fleurs sauvages …
Santé !

Annie Rouleau
Herboriste-praticienne








Références : 
A systematic review on the Rosa canina effect and efficacy profiles, par Chrubasik C, Roufogalis BD, Müller-Ladner U, Chrubasik S. Source : Department of Forensic Medicine, University of Freiburg, Albertstr. 9, 79104 Freiburg, Germany
Mon herbier de santé, par Maurice Mésségué, © Éditions Robert Laffont 1975
Pharmacognosie, par Jean Bruneton, © Édition Tec & Doc 1999 et Éditions Médicales Internationales