mercredi 17 mai 2017

Bouquet garni

On m’a dit, un jour, que la mémoire olfactive est la plus forte de toutes celles que nous possédons. Peut-être est-ce un attribut témoignant de notre généalogie de mammifères. En tout cas si je fouille mes souvenirs, il est indéniable que les odeurs sont des machines à voyager dans le temps plus qu’efficaces. Il va sans dire que les effluves africains furent particulièrement impressionnants pour la petite fille que j’étais et que je suis toujours lorsque je croise un jasmin, un mimosa ou un feu d’acacia. Le soleil équatorial exacerbe tout. Celui de la méditerranée aussi et sa référence est peut-être un peu plus commune. L’odeur de térébenthine des pinèdes, celle quasi métallique des rochers chauds, le parfum suave des lauriers, les bouquets de thym et de romarin qui piquent les yeux tant leurs huiles essentielles sont puissantes.
Si les odeurs ont réellement cette capacité de nous propulser dans nos souvenirs, je trouve qu’il serait intéressant pour l’humanité d’identifier le parfum pourtant si distinctif de la connerie. Peut-être certaines erreurs redondantes pourraient alors être évitées.

Les plantes ne permettent pas d’éluder les méprises, mais elles peuvent certainement en soulager certaines conséquences. Par exemple, je me suis trouvée, l’automne dernier, dans une situation pénible qui a tôt fait de me puer au nez. Résultat : une sinusite carabinée. Ainsi, dans ma potion j’ai versé, entre autre, du thym et du romarin.

Ces deux plantes ont énormément d’affinités avec le corps et quand je dis énormément, c’est pas des blagues. Tous les systèmes y passent. Pour éviter l’éparpillement, je me concentrerai aujourd’hui sur le thym et reviendrai une autre fois sur le romarin.

Le thym a quand même des systèmes de prédilection, soit respiratoire et digestif. C’est un puissant antiseptique ayant un large spectre d’action. Sa haute teneur en huiles essentielles, principalement le thymol et le carvacrol, explique ses propriétés.
Pour le système respiratoire, le thym agit aussi bien en début d’attaque de rhume ou de grippe ; quand les symptômes semblent superficiels et n’atteignent que les sinus et la gorge, ou lorsque l’infection devient plus profonde et affecte les bronches et les poumons. De par ses propriétés expectorantes et calmantes, il soulage extraordinairement bien la toux, tant sèche et sifflante que bien grasse et roulante. Donc du petit rhume à l’asthme ou à la pire « ite » respiratoire : rhinite, laryngite, bronchite ; le thym, seul ou en combinaison avec d’autres plantes spécifiques, fait des merveilles. En plus, on le retrouve presque à coup sur dans la plupart des armoires à épices des cuisines minimalement équipée, ce qui en fait un allié facile d’accès.
On peut l’utiliser en infusion, bue bien chaude ou prise en inhalation : ½ à 1 cuillérée à thé de plante par tasse d’eau. Un sirop peut aussi s’avérer digne d’intérêt: il suffit de préparer une décoction en mijotant à feu doux le thym et l’eau. Les proportions peuvent être semblables à celle de l’infusion. Il est important de ne pas bouillir pour éviter d’évaporer trop agressivement les huiles essentielles. Mijoter donc quelques minutes, filtrer puis continuer à chauffer doucement pour réduire la préparation de moitié ou du ¾. Refroidir et ajouter du miel ou du sirop d’érable à raison de trois parts de décoction réduite pour une part d’agent sucrant. Garder réfrigéré. De multiples variantes peuvent être apportées selon vos besoins et vos goûts.

Au niveau digestif, encore grâce à son extraordinaire capacité antiseptique, le thym sert à maintenir ou à rétablir une saine flore intestinale. Il convient aux situations spasmées, gonflées, ulcérées, parasitées. Il stimule la digestion, calme les crampes et son astringence aide à réduire les diarrhées. Les parasites et les bactéries genre E-Coli 1 ne lui résiste pas. Je ne dis pas que le travail est miraculeux mais, bien entreprit, soigner une parasitose ou une grosse infection bactérienne est à la portée de tous et le thym entrera à coup sur dans le protocole.
On l’utilise aussi en rince-bouche pour maintenir, ou rétablir, la santé des dents et des gencives.

Toujours grâce aux mêmes propriétés, le thym aide à traiter la peau blessée, brulée ou ulcérée, les dermatoses, le muguet, les mycoses. Utiliser les feuilles fraîches, mâchouillées puis appliquées directement sur les bobos, ou préparer une infusion forte à appliquer en compresses ou en bain. Attention à l’huile essentielle ; elle est un peu trop puissante pour être appliquée directement sur la peau, il convient de la diluer dans une généreuse part d’huile neutre.
En fait et pour résumer d’une manière simple et globale, on peut penser au thym pour toute situation infectée, comme base antiseptique, combiné à des plantes spécifiques au problème.

Le thym agit aussi sur d’autres systèmes du corps, actions que je ne pourrai exposer ici, faute de place. J’y reviendrai au prochain numéro dans une mini-monographie du romarin. Les deux plantes, comme je disais précédemment, ont beaucoup d’actions communes, à quelques nuances près.

À suivre, donc, et bon printemps !

Annie Rouleau
Herboriste praticienne



1 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19552781

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