On m’a dit, un jour, que la mémoire olfactive
est la plus forte de toutes celles que nous possédons. Peut-être est-ce un attribut
témoignant de notre généalogie de mammifères. En tout cas si je fouille mes
souvenirs, il est indéniable que les odeurs sont des machines à voyager dans le
temps plus qu’efficaces. Il va sans dire que les effluves africains furent particulièrement
impressionnants pour la petite fille que j’étais et que je suis toujours
lorsque je croise un jasmin, un mimosa ou un feu d’acacia. Le soleil équatorial
exacerbe tout. Celui de la méditerranée aussi et sa référence est peut-être un
peu plus commune. L’odeur de térébenthine des pinèdes, celle quasi métallique
des rochers chauds, le parfum suave des lauriers, les bouquets de thym et de
romarin qui piquent les yeux tant leurs huiles essentielles sont puissantes.
Si les odeurs ont réellement cette capacité de
nous propulser dans nos souvenirs, je trouve qu’il serait intéressant pour
l’humanité d’identifier le parfum pourtant si distinctif de la connerie.
Peut-être certaines erreurs redondantes pourraient alors être évitées.
Les plantes ne permettent pas d’éluder les
méprises, mais elles peuvent certainement en soulager certaines conséquences.
Par exemple, je me suis trouvée, l’automne dernier, dans une situation pénible
qui a tôt fait de me puer au nez. Résultat : une sinusite carabinée. Ainsi,
dans ma potion j’ai versé, entre autre, du thym et du romarin.
Ces deux plantes ont énormément d’affinités
avec le corps et quand je dis énormément, c’est pas des blagues. Tous les
systèmes y passent. Pour éviter l’éparpillement, je me concentrerai aujourd’hui
sur le thym et reviendrai une autre fois sur le romarin.
Le thym a quand même des systèmes de
prédilection, soit respiratoire et digestif. C’est un puissant antiseptique ayant
un large spectre d’action. Sa haute teneur en huiles essentielles,
principalement le thymol et le carvacrol, explique ses propriétés.
Pour le système respiratoire, le thym agit
aussi bien en début d’attaque de rhume ou de grippe ; quand les symptômes
semblent superficiels et n’atteignent que les sinus et la gorge, ou lorsque
l’infection devient plus profonde et affecte les bronches et les poumons. De
par ses propriétés expectorantes et calmantes, il soulage extraordinairement
bien la toux, tant sèche et sifflante que bien grasse et roulante. Donc du
petit rhume à l’asthme ou à la pire « ite » respiratoire :
rhinite, laryngite, bronchite ; le thym, seul ou en combinaison avec
d’autres plantes spécifiques, fait des merveilles. En plus, on le retrouve
presque à coup sur dans la plupart des armoires à épices des cuisines
minimalement équipée, ce qui en fait un allié facile d’accès.
On peut l’utiliser en infusion, bue bien
chaude ou prise en inhalation : ½ à 1 cuillérée à thé de plante par tasse
d’eau. Un sirop peut aussi s’avérer digne d’intérêt: il suffit de préparer une
décoction en mijotant à feu doux le thym et l’eau. Les proportions peuvent être
semblables à celle de l’infusion. Il est important de ne pas bouillir pour
éviter d’évaporer trop agressivement les huiles essentielles. Mijoter donc
quelques minutes, filtrer puis continuer à chauffer doucement pour réduire la
préparation de moitié ou du ¾. Refroidir et ajouter du miel ou du sirop
d’érable à raison de trois parts de décoction réduite pour une part d’agent
sucrant. Garder réfrigéré. De multiples variantes peuvent être apportées selon
vos besoins et vos goûts.
Au niveau digestif, encore grâce à son
extraordinaire capacité antiseptique, le thym sert à maintenir ou à rétablir
une saine flore intestinale. Il convient aux situations spasmées, gonflées,
ulcérées, parasitées. Il stimule la digestion, calme les crampes et son
astringence aide à réduire les diarrhées. Les parasites et les bactéries genre
E-Coli 1 ne lui résiste pas. Je ne dis pas que le travail est
miraculeux mais, bien entreprit, soigner une parasitose ou une grosse infection
bactérienne est à la portée de tous et le thym entrera à coup sur dans le
protocole.
On l’utilise aussi en rince-bouche pour maintenir,
ou rétablir, la santé des dents et des gencives.
Toujours grâce aux mêmes propriétés, le thym
aide à traiter la peau blessée, brulée ou ulcérée, les dermatoses, le muguet,
les mycoses. Utiliser les feuilles fraîches, mâchouillées puis appliquées
directement sur les bobos, ou préparer une infusion forte à appliquer en
compresses ou en bain. Attention à l’huile essentielle ; elle est un peu
trop puissante pour être appliquée directement sur la peau, il convient de la
diluer dans une généreuse part d’huile neutre.
En fait et pour résumer d’une manière simple
et globale, on peut penser au thym pour toute situation infectée, comme base
antiseptique, combiné à des plantes spécifiques au problème.
Le thym agit aussi sur d’autres systèmes du
corps, actions que je ne pourrai exposer ici, faute de place. J’y reviendrai au
prochain numéro dans une mini-monographie du romarin. Les deux plantes, comme
je disais précédemment, ont beaucoup d’actions communes, à quelques nuances
près.
À suivre, donc, et bon printemps !
Annie Rouleau
Herboriste praticienne
1 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19552781
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