Force de joie
Paix assise
Forêt compacte
Arôme déité
Contre ombres
Veille flamme
L’essence tonique
En corps mieux
Ces mots équivoques, nés de la plume de mon
amie Mylou Sauvage, sont comme la plante du jour, le romarin, Rosmarinus officinalis. Plante d’hiver,
de situations froides où le corps a du mal à garder ou à fabriquer sa chaleur.
Plante de frileux pâlot aux mains et pieds gelés, d’enfant chétif, lunatique.
Plante d’aïeule aux doigts noueux et aux genoux douloureux, sujette à l’oubli
et aux petites absences de l’instant présent. Il offre à nos âmes nord
américaines un souffle de la méditerranée.
Le romarin réduit la fragilité des capillaires,
ce qui le rend fort utile pour le soin des varices et pour le soulagement des
douleurs causées par les vaisseaux obstrués. Il est traditionnellement utilisé
comme tonique cardiaque et pour le traitement de l’hypotension, surtout lorsque
ces situations sont liées à des faiblesses, de l’épuisement, des
étourdissements et des troubles de concentration.

En usage externe, le romarin peut être appliqué
en compresse1 sur les reins pour réchauffer, sur les entorses et
foulures, les rhumatismes et l’arthrite. Il provoque alors un afflux sanguin à
la surface, apportant un extra d’oxygène et facilitant l’élimination des
toxines et de l’inflammation.
La plante est très riche en huiles essentielles. On trouve sur le marché principalement trois d’entre-elles, soit celles
à plus forte teneur en camphre, en verbénone et en cinéole, chacune ayant ses
spécificités.
L’huile essentielle de romarin à camphre est
efficace pour les crampes, spasmes, courbatures, douleurs des articulations.
Elle agit comme décontractant musculaire.
Celle à verbénone est surtout indiquée pour
son effet antiseptique cutané ; acné, peau grasse et petites blessures.
Elle stimule aussi le foie et la vésicule biliaire. Ajoutée au shampoing ou
utilisé en rince, elle tonifie et assainie le cuir chevelu.
Celle à cinéole, quand à elle, agit davantage sur
les troubles respiratoires avec surproduction de mucus au niveau des sinus,
bronches et poumons.
Pour les peaux sensibles, il est préférable
d’appliquer les huiles essentielles mélangées à un peu d’huile neutre.
Toutes les merveilleuses actions des huiles
essentielles extraites se retrouvent dans la plante entière lorsque prise en
infusion ou en teinture.
Pour le système digestif, le romarin améliore
la sécrétion de la bile et la digestion. Aussi, comme grosso modo toutes les
plantes aromatiques et comme les lamiacées en général, il est hyper
antibactérien, aidant ainsi au maintient ou au rétablissement d’une saine flore
intestinale. Les muqueuses et les flores du corps étant toutes très similaires,
le romarin agit donc sur celles de la bouche, du vagin, du système
respiratoire, sur la peau.
Pour les infections de la bouche, gencives et
dents et pour les maux de gorge, utiliser entre autre en gargarisme.
Pour la grippe, le rhume, la bronchite et
autres infections respiratoires, la sinusite, le romarin décongestionne et
soulage. En infusion, teinture, inhalation, miel infusé, etc. Comme ces huiles
essentielles sont antispasmodiques, il peut aider à soulager les crises
d’asthme.
Pour les infections vaginales, bactériennes ou
à levure, en douche si vous êtes adeptes, en bain pour les moins ferventes. Préparer
une forte infusion ajoutée à l’eau du bain ou dans une bassine pour un soin
plus local.
Toujours en bain et pour revenir un peu sur
les indications précédemment nommées : basse pression, épuisement, douleurs
musculaires et articulaires, pour les maux de tête aussi.
Un autre élément fort important du romarin
apporté par d’autres composants phytochimiques présents dans la plante, soit des
diterpènes tricycliques nommés acide carnosolique et carnosol - molécules fort
jolies quant à leur structure et on ne peut plus médicinales quant à leur
action - le romarin fait partie des grands antioxydants du règne végétal. Grace
à celles-ci et à d’autres composants phytochimiques, il protège les cellules,
notamment celles du foie, du cerveau, des yeux.
À ce titre et suite aux études réalisées à
date, le romarin et ses composants peuvent potentiellement entrer dans les
protocoles de prévention et de traitement de cancers. Je dis potentiellement
parce qu’il est d’usage d’être frileux quant aux allégations, même si nos
ancêtres soignaient d’ors et déjà les mêmes maux qu’aujourd’hui avec les mêmes
plantes. La compréhension de la santé, de la maladie et de la guérison ne
relève que partiellement des avancées scientifiques.
Un moyen agréable pour qui veut prendre du
romarin est de le boire en infusion matinale. Comme il est stimulant, il fera
office de réveil matin. Pour cette même raison l’infusion prise le soir risque
fort de nuire au sommeil. Autrement, le
romarin n’est déconseillé, en usage interne, que durant la grossesse et pour
les gens sujet à l’hypertension. Consultez votre herboriste !
Je vous laisse là-dessus.
Cheers !
Annie Rouleau
Herboriste praticienne
1 pour faire des compresses il
suffit de préparer une infusion assez forte de plante, i.e. une bonne cuillérée
à thé de plante par tasse d’eau infusée 5 à 10 minutes, laisser tiédir puis
appliquer sur la zone affectée à l’aide d’une débarbouillette imbibée.