mardi 26 octobre 2010

Les cinq sens du schisandra

Pour des raisons qui semblent profondément obscures, l’être humain est déséquilibré. La mise en lumière de causalités permettant de rétablir une harmonie momentanée répond certainement à un besoin d’évolution, mais la nature demeure et l’incompréhension se perpétue. Notre apparente petitesse dans cet infini qu’est la vie provoque un complexe d’infériorité collectif qui perdure depuis la nuit des temps et fait que finalement, on magnifie la complexité alors qu’au fond, c’est si simple; nous faisons partie d’un tout, ni plus ni moins importants que chacune de ses autres composantes. Chacun sa place, chacun son rôle. L’analogie de ce constat pourrait être illustrée, à l’échelle individuelle, par la réalisation d’un rêve : le rationnel sera chargé de faire le magasinage pratico pratique, alors que le cœur assurera la réalisation. L’inverse risquerait fort de mener à l’abandon pur et simple du projet, les rêves n’étant pas, par définition, rationnels!
La perfection existe, c’est une danse, un mouvement où règne l’harmonie et l’humilité.

En Asie de l’est pousse une plante qui produit de petites baies rouges dont le nom chinois signifie « le fruit aux cinq saveurs ». La peau et la chair sont sucrées, la graine est acre et amère, et l’ensemble du fruit est salé. En Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC), chacune de ces saveurs supporte un des cinq organes, yin, le cas échéant : le foie, le cœur, la rate, les poumons et les reins. À ces organes sont associés les cinq éléments, soit le bois, le feu, la terre, le métal et l’eau, chacun adjoint d’une foule d’autres détails utilisés en MTC pour préserver la santé, établir un diagnostique ou traiter un trouble. Elle se nomme schisandra, Schisandra chinensis en latin, Wu wei zi en chinois.

Le schisandra fait partie des plus importantes plantes adaptogènes. Il est utilisé depuis des millénaires, en Chine et au Japon notamment, pour soutenir l’immunité et redonner de la force vitale. Il est dit que les jeunes Chinois, à la veille de leur noce, recevaient des baies de schisandra afin d’être parfaitement équipés pour honorer la nouvelle épouse. Bien sur le peuple de Chine prise les aphrodisiaques, c’est connu, et le schisandra n’échappe pas à la tendance. Mais ce qui le rend efficace pour donner tonus et énergie en vue d’ébats amoureux réside dans ses qualités toniques. Comme les autres plantes adaptogènes, le schisandra augmente l’endurance physique. Mais attardons-nous sur l’aspect tonique.

Par un savant travail sur les reins, le schisandra aide le corps à conserver ses fluides, entre autres ceux produits par les organes sexuels. Ainsi, la plante est utilisée dans toutes sortes de situations d’évacuation indésirée de liquides, comme les sueurs nocturnes, une transpiration démesurée, les diarrhées, les pertes vaginales, l’éjaculation précoce ou l’émission trop fréquente d’urine. La plante est astringente, ce qui signifie qu’elle permet aux cellules des différents tissus du corps de se resserrer, donc de garder leur humidité. Pour cette raison, le schisandra tonifie aussi la peau et la protège des effets néfastes des intempéries et du soleil.
Au niveau des poumons, la plante sera utile pour les personnes fragiles et sujettes à l’asthme et aux troubles pulmonaires chroniques. Le schisandra peut être pris durant une période de toux. Sur le plan de l’immunité, il augmente globalement l’activité immunitaire et aide à prévenir l’épuisement du système que l’excès de stress peut causer. Il est très utilisé pour soutenir les personnes aux prises avec des cancers, de grandes déficiences immunitaires ou de la fatigue chronique, ou simplement pour supporter toute personne désireuse de se maintenir en santé.

Ensuite, le fruit aux cinq saveurs tonifie le système nerveux. Il est stimulant du système nerveux central, ce qui a pour résultat d’accroitre les réflexes, augmenter l’activité mentale et la vitalité, la concentration et la mémoire. Paradoxalement, il est aussi calmant et aide en cas d’anxiété et de dépression.

Puis, finalement, le schisandra est un très grand protecteur du foie. Il favorise la régénération des cellules de l’organe en cas d’hépatite virale ou de dommages causés par des médicaments ou d’autres substances toxiques. Il permet aussi aux cellules du corps d’augmenter la production du puissant antioxydant qu’est le glutathion.

Ainsi, il est clair que le schisandra s’adresse au « tout ». Je ne peux que venter cette plante merveilleuse. Même si ses petites baies ne permettent pas d’expliquer le déséquilibre humain, ils aident tout au moins à assainir un corps et une âme fatigués par les stress qu’engendrent l’existence.

De deux à neuf grammes de baies séchées par jour sont suggérés, soit de une à quatre cuillérées à thé. Les préparer en décoction; deux grammes par tasse d’eau, mijoter environ quinze minutes. L’extrait liquide, ou teinture est aussi une alternative. Prendre de 40 à 80 gouttes trois fois par jour ou selon la posologie du fabricant. Le schisandra peut être pris sur de longues périodes. Une année entière n’est pas excédentaire lorsqu’on souhaite traiter des troubles profonds. Autrement, un minimum de un mois de prise quotidienne est souhaitable. Pour les enfants, donner une demi dose entre six et douze ans. Un quart pour les plus petits.
Renseignez-vous si vous souhaitez prendre le schisandra en même temps que d’autres médicaments pour vous assurer que chacun fera son travail sans nuire à l’autre.

Annie Rouleau
Herboriste Praticienne

Références :
*Radiant Health, par Ron Teeguarden, éd. Warner Books, 1998
*Chinese Traditional Herbal Medecine, vol.II, par Dr. Michael Tierra et Lesley Tierra, éd. Lotus Presse, 1998
*Adaptogenes, par David Winston et Steven Maimes, éd. Healing Arts Press, 2007

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