dimanche 25 juillet 2010

Petits dépaysements de tous les jours…


Ou l’art d’être dépaysé en préparant une soupe aux carottes.
Première étape : s’arrêter.
Saisir l’instant et le vivre attentivement...
Constater l’effet des effluves de cuisson sur l’appétit. S’attarder sur l’effet de l’eau fraîche qui coule dans la gorge. Arrêter… et regarder un vol d’outardes. Identifier l’impact profond d’une parole…
Poursuivons le dépaysement en maintenant l’état de présence et reprenons la soupe aux carottes.
Ce mets peut, de prime abord, être considéré comme banal. Mais, outre les éléments nutritifs habituellement connus des carottes, que peut-on observer? Tout d’abord, leur couleur est celle du deuxième chakra (1), situé dans l’abdomen. C’est le domaine de l’identité profonde, le siège de la vitalité et de la créativité. En Médecine Traditionnelle Chinoise (2), orange, comme jaune et jaune-orangé, est la couleur de l’élément Terre. La Rate et l’Estomac y sont associés. Dans la tradition chinoise, ce sont les organes primordiaux de la digestion. En gros, la rate reçoit la nourriture partiellement digérée, en provenance de l’estomac, et la transforme en énergie vitale ou Qi. Cette énergie est ensuite redistribuée à toutes les parties du corps, nourrissant ainsi chaque organe.
Un autre aspect des carottes, toujours en relation avec l’élément Terre, est leur saveur sucrée. Elle est associée à « l’essence nourrissante » des aliments.
Les carottes peuvent aussi représenter un ancrage dans la terre, comme bien des légumes racines.
Et ainsi de suite, il est possible de concentrer son attention sur de nombreux aspects de la soupe aux carottes, selon les idées et besoins de chacun. L’impact sur la préparation sera le suivant : la soupe sera empreinte de votre « intention », et celle-ci fera son chemin dans votre corps lorsque vous mangerez.
Tous ces petits gestes routiniers, à priori insignifiants, sont des moments de dépaysement potentiels. Se laver, par exemple. Prendre un bain détend, mais vous pouvez accentuer l’effet en visualisant les tensions se détachant avec chaque main d’eau qui asperge vos épaules. Cette énergie se retrouvera dans l’eau. Restez dans le bain lorsqu’il se draine et concentrez-vous sur l’eau qui s’en va, emportant avec elle vos vieilles tensions. Ne reste plus qu’à dire : Ouf… Merci beaucoup!
Même chose avec les plantes médicinales. Une femme, après son accouchement, boit des infusions d’alchémille pour tonifier son plancher pelvien (c’est une des propriétés de la plante). L’alchémille, Alchemilla vulgaris, s’appelle en anglais Lady’s mantle. La traduction est « Manteau de Notre-Dame ». L’alchémille habille les femmes et les protège, comme une chaude couverture. Ses feuilles ont la forme d’une coupe ou d’un petit bol, ou encore d’une cape. Alors cette femme en post-partum, peut, avec chaque gorgée d’infusion, imaginer une grande feuille d’alchémille recouvrant et supportant toute sa zone pelvienne.
La visualisation est un outil utile pour les petits dépaysements quotidiens. L’imagination aussi, j’en conviens!
Bon voyage!

Annie Rouleau
Herboriste


(1)  La science des chakras, de Daniel Briez. Éditions de Mortagne  © 1994
(2)  Chinese traditional herbal medecine, vol. 1, par Dr. Michael Tierra et Lesley Tierra, Éditions Lotus Press, © 1998

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